Suite à sa victoire sur la Saintélyon, Erik Clavery a répondu aux questions d’EndorphinMag.fr
Extrait de son palmarès 2011 (la suite sur http://eriksports.blog4ever.com/)
9 juillet : Championnat du Monde de Trail – Letterfrack - Irlande (Connemara) CHAMPION DU MONDE !!! - 6h39'41" - 70km / 2800m D+
4 décembre : Vainqueur de la Saintélyon en 4H54’44
01 – EndorphinMag.fr : Après un abandon sur les Templiers, en octobre, la Saintélyon vient clore un bilan 2011 plutôt excellent !
Comment s’est passée la course ?
Erik Clavery :
J’ai pris le départ de cette course sans stress, je venais pour m’amuser après ma déconvenue des Templiers. Le but était donc de prendre plaisir et de s’amuser sur une dernière grosse course cette saison. J’ai donc pris le départ serein, me contentant dans un premier temps de suivre les hommes de tête à distance. Et puis au fil des kilomètres, les jambes étaient bonnes. Nous avons chacun notre tour accéléré, et vers le 25ème km, Thierry et moi avons fait le trou. J’étais surpris puisque je n’ai pas eu l’impression qu’il y ai eu un véritable changement d’allure générale. Néanmoins, nous sommes partis à deux. A partir de là, ça a été une « partie de chaussure » entre Thierry et moi. Chacun notre tour nous avons pris la course à notre rythme, attaquant l’un après l’autre pendant près de 20km. Et puis après une lourde attaque de sa part, je me suis accroché et ai contre-attaqué aussitôt. J’ai ainsi creusé l’écart et j’ai terminé les 25 derniers kilomètres seul. J’ai tenu jusqu’à l’arrivée, pensant du coup au record de l’épreuve de Christophe…mais j’ai échoué à 1 minute seulement. Tant pis, cette victoire restera l’une de mes plus belles !
02 – EM : Très en forme pour ta dernière course de l’année, tu gagnes avec plus de 10mn d’avance sur Emmanuel Gault… est-ce un format de course qui te correspond bien ? Comment expliques-tu une telle avance ? As-tu reconnu le terrain ?
EC : En fait, je n’ai décidé de participer à cette course que trois semaines avant. J’ai donc bénéficié de ma préparation Templière. Mais du coup, ne volant participer que pour prendre du plaisir, j’ai fait abstraction d’une réelle reconnaissance. Mais c’est vrai que comme pour le championnat du Monde, c’est un format qui me correspond tout à fait et sur lequel je reste performant.
Pour ce qui est de mon avance de 10’, c’est difficile de répondre. Disons que j’étais à mon niveau, en forme, malgré quelques soucis comme tout le monde, mais que j’ai réussi une course cohérente par rapport à mes « curseurs » du moment.
03 – EM : Sur une course de ce type, moins de 5H d’effort pour toi, qu’emportes-tu en ravitaillement (solide et liquide) ?
EC : Hihihi…alors je vais en faire paniquer quelques uns. En fait, pour cette course en particulier, je n’ai pas été très gourmand… Je n’ai strictement rien mangé de solide. Il faut dire que c’est de la faute de Thierry (!!). Nous sommes allés trop vite et du coup…pas le temps de manger !!! ;) (j’ai même vomi pendant la course mon repas du samedi soir !!!)
Sinon, j’ai dû boire 1,5 litres de boisson énergétique en tout et pour tout. Ce qui n’est pas suffisant bien que ça ne m’ai pas porté préjudice !
04 – EM : Peux-tu dévoiler ton programme d’entrainement sur les semaines qui ont précédées la course ?
EC : Où làààà, c’est compliqué, puisque 3 semaines avant la course, j’ai passé une semaine en Turquie en vacances, sans toucher à mes chaussures !!!
Ca a été un peu chaotique ! Du coup je me suis recentré sur quelques entrainements spécifiques et bien placé. Mais pour ça, je me suis « contenté » d’appliquer la science du meilleur entraineur du monde : Pascal Balducci ! ;)
05 – EM : revenons sur ta victoire au Championnat du Monde de Trail en juillet dernier. Comment as-tu construit ta victoire ?
EC : Là bas, ma victoire c’est faite un peu selon la même trame qu’à la Saintélyon. Sauf que là bas, je suis parti bien plus en retrait puisque la course a été lancée très rapidement, notamment par le canadien Jason Louttit. J’ai fait une course « d’attente » jusqu’à mi parcours, où j’étais avec Thierry (encore !!!) et Patrick Bringer. Et en très grande forme, j’ai pris les choses à mon compte et je suis parti seul à la poursuite du canadien, que j’ai rattrapé et doublé au 45ème km. A partir de là, j’ai fait la course en tête, avec 5’ d’avance à 10km de l’arrivée. Du coup, ne voulant pas prendre de risque avec un tel enjeu, j’ai temporisé sur la fin de parcours pour « m’assurer » le plus possible la victoire. Ce qui explique un écart final réduit à 1’30’’.
06 – EM : depuis ce titre, qu’est-ce qui a changé ?
EC : Ce qui a changé ? Pas grand-chose. Je cours toujours avec autant de plaisir. Je partage mes expériences, mais bien-sur un peu plus de sollicitations quand même. Ce qui me ravi puisque je peux ainsi partager encore plus ma passion !
07– EM : Le Trail est encore sous médiatisé dans les quotidiens nationaux contrairement aux marathons et autres épreuves de masse sur route… penses-tu que ton titre de champion du monde de Trail peut contribuer à plus de médiatisation de la discipline ? Que faut-il pour apporter plus de reconnaissance aux « épreuves natures » ?
EC : J’espère que ça y contribuera. Mais je pense surtout qu’il faut que les organisations, associations et fédérations poursuivent ou fassent un effort de communication. Les médias sont demandeurs de ce genre d’épreuve, et lorsqu’on les contacte, ils nous accueillent les bras grand ouvert.
Mais il est certain que le fait d’être champion du monde y contribue. A mon simple niveau, les médias locaux sont beaucoup plus vigilent à mes performance et lorsqu’il y a un résultat de ma part, ou même de quelqu’un d’autre sur une grande épreuve, ils n’hésitent pas à rédiger quelques lignes. C’est bien ! Ca se médiatise.
08 – EM : Un mot sur tes sponsors… Que t’apportes le fait d’être membre du team Asics ?
EC : Je suis effectivement dans un team national, le Team Asics. Nous sommes un groupe de huit coureurs et participons aux épreuves nationales voir internationales. Nous sommes entre nous très soudés, on s’apporte une motivation mutuelle, et nous échangeons beaucoup sur nos expériences pour toujours essayé de progresser. C’est très enrichissant. Bien qu’étant sportif de haut niveau et par conséquent suivi médicalement par la fédération, au sein de notre Team, nous avons également un suivi qui nous permets de voir mes périodes de forme et méforme, et ainsi de privilégier de la récupération si besoin au lieu d’aller courir. Un ostéo en la personne de Benoit Nave (10ème de la Saintélyon quand même !!) nous « répare également lorsque le besoin s’en fait sentir. C’est primordial !
09 – EM : Quels sont tes objectifs 2012 ?
EC : Pour 2012, mes principaux objectifs sont fixés puisque le principal sera la Diagonale des Fous à la Réunion, mais je participerais également à la CCC, puis à d’autres courses, en guise de préparation.
10 – EM : Un dernier mot ?
EC : Merci à tous pour vos messages de félicitation et de soutien, et PRENEZ PLAISIR !!!
EM : Encore bravo pour ton palmarès 2011 et un grand merci pour ta disponibilité et ta sympathie.
Propos recueillis par Béatrice Glinche.
Décembre 2011