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Lionel Pascale

Raid VTT Chemins du Soleil edition 2015

          

En ce long week-end de l'ascension, s'est déroulé le raid VTT des chemins du soleil, une épreuve devenue incontournable autant chez les raideurs en pleine préparation pour les futures échéances (malgré la concurrence du Gevaudathlon, 5e manche du challenge FRMN) que par les spécialistes des épreuves VTT au long cours. Une épreuve qui se court en binôme et en semi-autonomie avec un balisage minimum sur de beaux sentiers engagés.

 

Se déroulant autrefois lors des premières éditions sur un format non-stop avec deux arrêts obligatoires de 4 heures ayant pour défi de relier Valence et Gap en moins de 24h tout en empruntant le réseau permanent des sentiers balisés préalpins des "chemins du soleil", cette épreuve a su évoluer au fil du temps afin de rendre cette aventure accessible à un plus large cercle de vététistes. Depuis l'an dernier, l'épreuve de déroule sur 4 jours et le niveau général des coureurs de la formule Élite (chronométré) s'est élevé et internationalisé comme en atteste la large victoire du duo du team Bulls mené par le champion de France VTT XC Marathon Thomas Dietsch et son coéquipier Stephan Sahm lors de la précédente édition.
             

Au programme de cette 13e édition, une étape nocturne courte et dynamique puis 3 étapes relativement longues afin de relier le village de Saillans arrosé par la Drôme et la ville de Gap à travers le Diois et le Dévoluy. Un parcours long de 250kms qui totalise presque 9000m de dénivelé. La météo des jours précédents dans la région ayant rendu le terrain glissant par endroits, l'ensemble des participants se devait donc de rester vigilant mais l'organisation ne néglige pas la sécurité, bien au contraire avec Hervé Simon et Sylvain Montagny aux commandes, toutes les situations sont anticipées et à l'image des raids en montagne, une liste de matériel obligatoire durant chaque étape est exigée sous peine de pénalités en temps, une liste adaptée en fonction des conditions climatiques. Des contrôles de passage tout au long du parcours ainsi qu'un suivi GPS permanent par tracker fait aussi partie intégrante de la sécurité, un point plutôt rassurant !

            

Côté participants, la lutte promettait d'être plus ouverte que jamais pour succéder au team Bulls. Pour le classement général, avantage aux vététistes avec la présence d'un duo du team Raid Vauban emmené par Emeric Turcat (récent 30e au championnat d'Europe XC Marathon) et Yoann Sert (Top 10 français en ski alpinisme cette saison, vainqueur de la Transmaurienne et de l'Ultra Raid de la Meije l'an passé). Pour les concurrencer, un duo du team Addiktiv était également présent avec Vincent Arnaud et Nicolas Cambus (tout deux 20e à l'Andalucia Bike Race en février) mais également un duo espagnol du team Buff, Pau Zamora (le frère de Marcel Zamora, double vainqueur de l'Embrunman et de l'ironman de Nice) associé à Igor Llordella qui ont tout deux un niveau top 20 sur une épreuve d'envergure comme la Cape Epic. Le team Vojomag avec le belge Julien Delaet (2e lors de la précédente édition) associé au spécialiste Jean-François Bossler ou le duo du team Pro Fermetures Willier avec Clément Souvray (membre de l'équipe de France C.O. VTT) en compagnie de Sébastien Pelé très en forme en ce début de saison peuvent aussi jouer les troubles fêtes.

Côté mixte par contre, les raideurs sont nombreux avec deux équipes du team 2raid; la première emmenée par Sylvain Montagny associé à la championne locale de ski alpinisme Laetitia Roux, la seconde avec deux raideurs de niveau international Benoît Peyvel en compagnie de Fanny Fréchinet. Ils devront faire face au duo du team suisse Neuchaventure mené par l'infatiguable Alex Dimitriou mais aussi à une autre équipe du team Addiktiv avec les spécialistes Frédéric Gombert et Sophie Giovanne ainsi qu'à la paire sudiste Antoine Aparicio et Aurélie Grosse qui peuvent se mêler à la lutte.

              

Au terme des dernières recommandations adressées par les organisateurs, place à la 1ère étape longue de 27kms disputée de nuit autour de Saillans, une boucle sous forme de huit plutôt courte et dynamique qui va rapidement faire monter l'adrénaline. Le profil de ce tracé nocturne étant très intéressant avec deux belles ascensions plutôt roulantes et deux longues ascensions sur des singletracks parfois glissants avec de la pente et pas mal de vide, il faut absolument rester concentré et maîtriser sa vitesse. Pourtant ça va partir très vite dès le départ sous l'impulsion du team Raid Vauban qui va imprimer un gros rythme dès la première ascension. En mixte c'est la même chose, la lutte entre Team 2raid et Addiktiv fait rage dès le départ, ce qui oblige Sylvain Montagny et Frédéric Gombert à tracter leur coéquipière de très bonne heure et par la même occasion se permettre le luxe de venir titiller les 10 premières équipes !

 

Cette première étape va se révéler être une excellente entame de raid avec 1000m de dénivelé positif mais aussi quelques secteurs bien engagés lors de la descente finale qui plonge vers l'arrivée. C'est assez frissonnant toutes ces épingles serrées sur un sentier étroit tout en apercevant les éclairages du village de Saillans à 500m d'altitude en contrebas, à cela se rajoute pas mal de brouillard sur les sommets et le gémissement des disques de frein, la magie nocturne opère !

Le duo du team Raid Vauban va déjà atomiser la concurrence en bouclant l'étape à une allure impressionnante en moins d'1h30 avec 10 minutes d'avance sur les teams Addiktiv et Vojomag. En mixte, le team 2raid aura finalement le dernier mot en terminant cette étape à la 10e place du général, 9 minutes devant les Addiktiv et près d'un quart d'heure devant Neuchaventure, cette étape fait déjà de gros écarts ! Surprise à l'arrivée, les organisateurs imposent une vérification du matériel obligatoire et deux teams en feront les frais: les espagnols du team Buff auteur du 3e temps provisoire mais qui écoperont de 15 minutes de pénalités et le team Pro Fermetures Willier qui prendra 10 minutes pour oubli de couverture de survie, ça leur coûtera cher à l'arrivée finale !

                 

Après une nuit plutôt courte, une longue étape nous attendait. On quitte Saillans pour effectuer 83kms à travers les jolis massifs du Diois sur les deux versants de la Drôme qui nous guidera jusqu'à l'arrivée du jour jugée à Luc en Diois. Et les conditions climatiques ne vont épargner personne car un temps humide nous accompagnera toute la journée mais fort heureusement, le parcours ne s'élèvera jamais au delà de 800m d'altitude ce qui va nous épargner la neige qui tombe sur les sommets du Vercors. Justement le parcours du jour dont la première partie est tracée sur les contreforts de ce massif est très agréable mais demande pas mal de maîtrise technique dans les nombreuses descentes. On emprunte des sentiers étroits avec beaucoup de racines qui rendent le parcours exigeant et délicat. Les montées plutôt roulantes et certaines sections plus reposantes autour du village de Chamaloc permettront d'élever un peu l'allure de la course. Après avoir escaladé l'ascension du col de la Tour qui représente la principale difficulté du jour, on plonge sur Die mais pas le temps de déguster la fameuse Clairette, il nous faut boucler les 30 derniers kilomètres de course qui s'avèreront globalement plus roulants.

 

A l'avant de la course, c'est cette fois le duo du team Addiktiv Cambus/Arnaud qui va parfaitement maîtriser cette journée de course et ces conditions météo délicates pour remporter cette étape avec 6 minutes d'avance sur les espagnols du team Buff et 16 minutes sur le team Raid Vauban qui a vu son avance acquise la veille fondre en seconde partie de course. Ces 3 équipes étant les seules à passer sous la barre des 5 heures de course, on retrouve donc logiquement celles-ci sur le podium provisoire au soir de cette 2e étape : Addiktiv devient leader devant Raid Vauban à 6 minutes et les espagnols du team Buff qui sans leur pénalité de la veille ne serait qu'à 6 petites secondes des leaders ! En mixte, le team 2raid (Montagny /Roux) enfonce le clou et double la mise en accentuant leur avance, ils possèdent alors près de 20 minutes d'avance sur Addiktiv et 30 sur Neuchaventure, de quoi entrevoir la suite du raid sereinement.

                 

Troisième jour de course, on quitte la Drôme pour passer dans les Hautes-Alpes, le soleil est de retour. Au menu du jour, "seulement" 62kms mais 2500m de dénivelé, un parcours qui va tout d'abord s'avérer physique avec l'exigeante ascension du col de Cabre sur un sentier de GR qui nécessite un pilotage fin et un pédalage en souplesse afin de s'économiser en enchaînant ces multiples raidards lors des deux premières heures de course.

 

L'entrée dans les Hautes-Alpes sera marquée par une section boueuse et grasse avant d'attaquer l'ascension du col de la Haute Beaume, une escalade difficile en mode portage sur un sentier escarpé et sauvage que seul le duo du team Raid Vauban (alors en tête de course) effectuera en courant sous les yeux ébahis des organisateurs.

Une troisième difficulté plus roulante nous attendra pour nous permettre d'atteindre le col de Marjares. Nous atteignons le sommet à 1400m d'altitude et les paysages alpins se profilent à l'horizon, simplement fabuleux tout comme la longue descente qui plonge vers la vallée du Buech, une descente d'exception très variée qui fera l'unanimité chez les coureurs: d'abord trialisante et vertigineuse devenant ludique sous une forêt de pins sur un terrain très souple pour terminer par quelques sauts faciles sur des dunes de terre grise typiques de la région des Alpes du sud. Les 10 derniers kilomètres seront plutôt faciles pour profiter de cette fin d'étape, un petit massif à passer et hop la dernière descente pour rallier l'arrivée jugée au bord du plan d'eau de Veynes, un site qui nous permettra de profiter d'une belle après-midi les pieds dans l'eau.

 

Côté course, ça ne s'est pas promenée sur cette étape, le duo du team Raid Vauban a remis les pendules à l'heure en attaquant très tôt et en bouclant cette étape en à peine 4 heures de course. Le team Addiktiv et les espagnols du team Buff auront lutté derrière pour limiter l'écart en terminant à 6 et 7 minutes des vainqueurs. Un scénario inédit sur ce raid car le team Raid Vauban reprend les commandes de l'épreuve pour seulement 38 secondes devant le team Addiktiv et les espagnols du team Buff seraient dans la même seconde que les leader sans leur pénalité lors de l'étape nocturne. En mixte, c'est tout l'inverse car la paire du team 2raid maîtrise parfaitement leur course, ils sont simplement impressionnant en infligeant près de 30 minutes d'avance sur leur principaux adversaires et en pointant à la 11e place du classement général. Au départ de la dernière étape, ils sont en lice pour une place dans le top 10 et possèdent près de 50 minutes d'avance sur Addiktiv.

                 

Voici déjà la dernière étape qui se profile avec un départ donné aux aurores dans les ruelles provençales du village de Veynes. Au programme, 75kms et 2800m de dénivelé au coeur du Dévoluy afin de rallier l'arrivée finale dans la ville de Gap. Si la hiérarchie est clairement dessinée pour le podium, nous aurons droit à un scénario indécis pour la victoire chez les hommes, la dernière étape réservant souvent des surprises.

 

Dès les premiers kilomètres, on attaque cette étape par une longue ascension pour atteindre le sommet du col de Lauteret qui culmine à 1750m d'altitude avec pas moins de 20kms d'ascension avec des pentes parfois très raides qui usent déjà les organismes fatigués. Sur le sommet, la montée devient plus technique sur un terrain de nouveau humide et quelques zones encore enneigées, drôle d'impression que de marcher sur la neige en cette période. Le team Raid Vauban est parti sur les chapeaux de roues en imprimant de nouveau un rythme très élevé et en s'octroyant pas moins de 6 minutes d'avance au sommet de cette longue ascension.

 

Ensuite, on plonge sur le village de la Cluse en traversant de vastes alpages pentus et en croisant de nombreuses traces à moutons, il faut aussi trouver la bonne afin de ne pas s'égarer et se méfier des nombreux lauses et autres pierres coupantes sous les herbages prêts à découper les pneus. On traverse ensuite ce petit village de la Cluse, porte d'entrée du Dévoluy et on change de versant.

 

C'est parti pour une seconde longue ascension; le col de Matacharre... et garre à ceux qui auront présumé de leurs forces sur cette longue piste régulière, certes pas très difficile mais le dénivelé est conséquent pour de nouveau atteindre ce sommet à 1700m d'altitude.
On poursuit par le morceau de bravoure du raid qui restera sans aucun doute mémorable; un sentier très aérien large de 40cms à flanc de ravin avec un vide impressionnant dénué de toute végétation au coeur d'un majestueux cirque pour parvenir au point culminant du raid au col de Conode à 1850m d'altitude. 

 

Il faudra ensuite plonger vers Gap et pour attaquer cette descente, il nous faut d'abord négocier une section délicate sur un chemin en dévers lardé de grosses racines saillantes et de pierres glissantes.
On dévalera ensuite un sentier plutôt cassant avec épingles et pierriers en tout genre dans ce paysage très minéral.
Pour terminer, dernière ascension sur un sentier pentu en sous bois qui surplombe le petit Buech, il faut tout donner et jeter ses dernières forces car les derniers kilomètres s'effectueront très rapidement le long du canal de Charance. L'arrêt du chrono est jugé à l'entrée de Gap ce qui permettra de profiter en douceur sur cette liaison pour rejoindre l'arrivée finale au coeur de cette ville de Gap qui accueille chaque année cette épreuve et qui accueillera également le tour de France cet été durant trois jours.

             

La lutte sera donc restée indécise jusqu'au bout en tête de course car le team Raid Vauban perdra de nouveau toute son avance suite à une crevaison avant de s'égarer. Les deux coureurs parviendront néanmoins à rattraper leur retard sur les 20 derniers kilomètres en prenant de gros risques lors de la longue descente vers la vallée du Buech et à revenir sur les leaders pour finalement s'imposer et remporter cette 13e édition du raid des chemins du soleil. Ils auront bouclé les 247kms de cette épreuve en 14h39'57" avec une infime avance de 2 minutes sur le team Addiktiv qui n'aura guère pu profiter des déboires qu'auront subi les vainqueurs. Les espagnols du team Buff complètent le podium à 18 minutes. La lutte aura également fait rage pour les places d'honneur pour les 4,5 et 6e place mais ce sont finalement les raideurs du team Aquitaine Safety, très réguliers qui conserveront leur 4e place devant le team franco-belge Vojomag et le team VO, ces trois équipes étant séparées en  seulement 1'30, du jamais vu sur ce raid !!

 

Côté mixte, aucune surprise avec le duo Sylvain Montagny/Laetitia Roux qui remportent haut la main cette épreuve en se payant le luxe de se classer à une superbe 11e place au classement général final. Le team Addiktiv conservera sa 2e place à plus d'une heure des vainqueurs et le team Neuchaventure terminera plus difficilement mais sauvera le podium.

 

Pour ma part, associé à un coureur qui avait tout à découvrir sur ce format de course, on aura pas été épargné par les crevaisons dont une dès la première étape nocturne qui nous obligera à constamment rattraper le temps perdu. On aura tout de même été dans le coup physiquement et on défendra une place dans le top 10 qui nous satisfera au regard du niveau homogène cette année sur ce raid.

            

Cette édition du raid des chemins du soleil fut donc de nouveau une vraie réussite, un raid VTT qui s'adresse à des spécialistes de longues distances possédant de bonnes bases techniques sur des sentiers engagés et parfois vertigineux mais quel bonheur que d'arpenter ces chemins et de traverser cette  somptueuse région. Un raid parfaitement bien organisé et tracé par une équipe de raideurs ayant pour but d'organiser une épreuve sur des parcours de montagne dans toute sa splendeur. Une épreuve devenue immanquable à vivre au moins une fois mais attention, il n'y aura pas de places pour tout le monde. Alors rendez-vous en mai 2016 pour une 14e édition qui nous réservera sans nul doute possible de nouvelles surprises.

Endorphinmag - Fred Ischard

Juin 2015.