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Ultra Raid de la Meije 6ième édition

le 29.09.2016 par EndorphinmagPartager
B. Boone
Ultra Raid la Maije 2016

Ultra Raid La Meije : "La Meije sous les nuages"

 

Nous voici le week-end du 17/18 septembre sur cette 6e édition de l'Ultra raid VTT La Meije, une épreuve VTT longue distance en haute montagne avec un kilométrage et un dénivelé conséquents, pas moins de 112kms et 5300m de dénivelé au programme du grand parcours... Aucun changement concernant les formules et les tracés, on ne va pas oser modifier un événement qui chaque année est plébiscité par tous les participants. On y retrouve un savoureux mélange de convivialité, de simplicité et de découverte d'un terrain de jeu paradisiaque dans un décor à couper le souffle. Seul changement pour cette 6e année, la météo qui risque de venir jouer les troubles-fêtes après cinq éditions disputées sous des cieux cléments.

 

Nous nous retrouvons donc le vendredi soir à La Grave, petite station skiable au pied du col du Lautaret sur la route des grandes Alpes. Rendez-vous pour les 400 coureurs inscrits à venir retirer leur précieux dossard. Une sommaire vérification du matériel obligatoire en montagne sera également nécessaire pour être autorisé à prendre le départ. Bon, il n'y a rien de très contraignant, la liste est plutôt légère avec de quoi confectionner un pansement, une couverture de survie, un nécessaire de réparation, du ravitaillement solide et liquide, un sifflet, casque homologué, tenue chaude et imperméable, éclairage avant/arrière et un téléphone...

 

Vérification matériel OK, dossard OK, place au traditionnel briefing où le directeur de course n'est guère confiant sur les conditions météo du lendemain, un parcours de replis sera en cours de confection dans la nuit afin de proposer un parcours sécurisable et permettre le maintien de l'épreuve... Rien d'officiel pour la soirée, l'heure de départ ne subit aucune modification, rendez-vous pour les coureurs de l'Ultra marathon élite et de l'Ultra raid deux jours à 5h30 le lendemain pour un départ nocturne toujours très attendu. En attendant, la dernière soirée avant le grand départ est toujours emplie de sentiments divers et variés selon les coureurs ; appréhension pour certains, excitation pour d'autres mais un seul anime toutes les têtes, la curiosité ! Que l'on soit novice ou adhérent à cette épreuve, cet Ultra raid La Meije nous réserve souvent son lot de surprises.

 

Rendez-vous le samedi matin à 5h30, nous nous retrouvons tous sur la place de l'église du petit village de Villar d'Arene, à quelques kilomètres de La Grave en s'élevant vers le col du Lautaret. Il ne pleut pas, température extérieure de 6 degrés tout à fait supportable, certains coureurs se placent déjà dans le sas de départ en se concentrant déjà sur ce qui les attend, d'autres se réchauffent en dégustant un café proposé par l'organisation. Chaque coureur doit émarger pour valider son départ.

 

Il est 5h50, 10 minutes avant le départ, tout les coureurs sont conviés à se placer en ligne. On écoute les dernières recommandations de Jean-Paul Routens, l'organisateur de l'épreuve qui nous confirme que l'intégralité du parcours ne pourra être effectué, le massif des Cerces ne pouvant être sécurisé, un parcours de replis sera adopté en première partie de parcours.

 

Il est 6h, tout le monde est parti chaudement couvert car on s'attend à des conditions difficiles dans l'heure qui suit. Les trois premiers kilomètres sont plutôt faciles et permettent de se mettre en jambes avant de s'élever encore un peu plus en direction du col du Lautaret. En effet, nous ne tardons pas à être mis en difficulté, la première rampe longue d'un kilomètre est très pentue, on s'essouffle rapidement et on étouffe sous nos imperméables. Les favoris prennent rapidement les commandes du groupe qui se disloque à mesure que la pente se durcit. Il est parfois difficile de trouver la bonne trace, guidés par nos éclairages, nous sommes contraint de poser pied à terre et de pousser quelques instants avant de poursuivre notre ascension sur ce joli single serpentant dans les alpages surplombant la Romanche.

 

ULtra Raid la Meije 2016

 

Un seul danger viendra nous réveiller en empruntant un long ponton en bois étroit et glissant afin d'éviter une zone marécageuse. Dernier kilomètre d'ascension et voici le premier sommet du jour, le fameux col du Lautaret qui pointe à 2000m d'altitude. Ces 600 premiers mètres de dénivelé en nocturne auront permis d'éclater le peloton mais pas encore de créer des écarts importants... La course ne fait que commencer, le jour va se lever et une fine pluie va s'abattre sur la suite du parcours où l'on retrouve les deux favoris Benoît Vaxelaire (team Raid Vauban, vainqueur en titre) et Alexis Chenevier (team Scott) en tête de la course. On retrouve également dans les 15 premières places une pléiade de noms connus dans le milieu du raid, on y retrouve ainsi le membre du team FMR Clément Valla mais également les lozériens Nicolas Rambier et Benjamin Monnier ou encore le traileur Maxime Brajon, tous venus tester  et découvrir cette épreuve qui interpelle tout les passionnés de sports d'endurance, ils se livreront d'ailleurs une belle bataille toute la journée.

 

On amorce maintenant la descente, le torrent de la Romanche a laissé place à celui de la Guisane, on dévale rapidement une piste large sans pièges si ce n'est les quelques passages de ruisseaux par endroits. Notre descente s'arrête au petit hameau du Lauzet situé 500m plus bas où l'on va s'attaquer à notre seconde montée pour retrouver le parcours initial à hauteur du refuge de l'Alpe du Lauzet.

 

Cette seconde difficulté n'est pas très longue, il fait maintenant bien jour mais le froid prévu ne se manifeste toujours pas, le ciel reste menaçant mais les conditions météo restent franchement supportables après plus d'une heure de course. Nous sommes privés du magnifique lever de soleil habituel sur le pic de La Meije mais nous pouvons contempler le long cordon d'éclairages des coureurs effilés tout le long de la descente longeant la Guisane.

 

Cette ascension, aussi courte soit elle n'est pas facile avec quelques rampes assez difficiles, il faudra de l'énergie pour ne pas poser pied. La pente se radoucit un peu en traversant les alpages du Lauzet qui nous permettra d'accéder au sentier du Roy, quelle merveille cette section qui surplombe la vallée de près 200m de hauteur, le chemin est étroit, parfois en dévers  entre falaise et sous-bois, des monticules de blocs pierreux glissants en guise d'obstacles et quelques vallons creusés qu'il nous faudra franchir à pied. La pluie n'est guère intense, ce qui nous permet de profiter de cette section sans retenue.

 

Nous redescendons maintenant dans la vallée par un sentier en sous-bois tracé en de multiples épingles serrées mais se négociant sans aucun risque ni appréhension, petit tunnel pour franchir la route nationale et nous nous retrouvons de nouveau au bord de la Guisane qu'il faudra cette fois remonter sans aucun danger toutefois, tout les coureurs s'étant déjà élancés sur cette boucle du Lauzet. Le vent se durcit et la pluie redouble sur cette remontée, on progresse péniblement jusqu'à une bifurcation marquant le pied de l'ascension vers le col du Galibier. On nous permet donc d'effectuer cette ascension jusqu'à la stelle Henri Desgranges situé quelques mètres sous le col avant de redescendre immédiatement par le même chemin, le sommet du col ne pouvant être sécurisé non plus...

 

Cette ascension est longue de 6kms pour escalader les 500m de dénivelé, la piste assez facile sillonne la montagne, il s'agit de l'ancienne route menant au sommet du col. Il fait de plus en plus froid à mesure que l'on prend de l'altitude, il ne fera que 2 petits degrés au sommet et on apercevra quelques flocons de neige au passage de la stèle. Nous avons 30kms au compteur et deux bonnes heures de course. Benoît Vaxelaire et Alexis Chenevier mènent toujours la course suivis à 5 minutes du jeune suisse Florian Wenger. Ensuite, de petits groupes se sont formés lors de cette longue ascension menant à 2300m d'altitude, il fait bien froid ici, place à la descente...

 

La descente s'effectue par le même chemin, il faudra donc éviter le choc frontal face aux coureurs qui eux sont toujours à l'assaut de ce géantissime Galibier. La descente va purement et simplement nous congeler, les doigts sont comme tétanisés par le froid et il sera même compliqué de freiner ou passer les vitesses par la suite, beaucoup de coureurs s'arrêteront en bas pour se réchauffer ou changer de gants...

 

Pour l'heure, alors que les derniers coureurs de la formule élite (parcours intégral sur une journée...) attaquent seulement l'ascension vers le point culminant du parcours, il nous faut remonter pour se hisser de nouveau au sommet du col du Lautaret; la pente est raide, le terrain assez collant et on retrouve une grosse affluence sur cette section suite aux différents parcours de replis. On retrouve les coureurs de la formule ultra deux jours (exempt de l'ascension du Galibier) devant nous et les participants de la formule rando partis plus tard que l'on croise sur notre chemin. Malgré tout, nous voici au col du Lautaret où est dressé un ravitaillement garni de victuailles sucrées/salées mais également de thé chaud. Mieux vaut se réchauffer et reprendre des forces après ces 40 premiers kilomètres car on retrouve maintenant le parcours initial pour effectuer normalement l'intégralité de la boucle nous menant au plateau d'Emparis et dans l'Oisans.

 

C'est maintenant l'heure de redescendre mais cette fois c'est une descente inédite qui nous attend, franchissant de nombreuses prairies très souvent en dévers. Les conditions météo plutôt humides et les nombreux passages des coureurs de la formule deux jours nous précédant vont ravager le terrain. Il ne sera pas facile de doubler et il faudra redoubler d'agilité pour ne pas tomber, nombreuses seront les chutes plus ou moins spectaculaires.

 

En bas, on retrouve les petits hameaux de la vallée de la Romanche d'où on va effectuer une petite boucle assez courte dénuée de difficultés mais nous permettant de profiter d'un monotrace très ludique. Une fois cette boucle effectuée, on poursuit notre parcours car c'est cette fois l'ascension vers le lac du Pontet qui nous attend, une escalade progressive sur une petite route mais également quelques rampes bien sévères sur le sommet pointé à 1900m d'altitude, le froid nous gagne de nouveau. Nous sommes sous les nuages à tel point qu'il nous sera impossible de contempler le lac pourtant juste à nos pieds.

 

Ensuite, on retrouve des petits sentiers d'alpages, agréables à rouler malgré les conditions difficiles à l'inverse de la descente suivante qui sera elle très rock'n roll, le sentier s'étant transformé en patinoire, un véritable toboggan glissant à souhait, la prudence est de rigueur. Voici maintenant les petits hameaux surplombant La Grave: les Hieres, les Terrasses, Ventelon, le Chazelet... Des groupements de petits chalets au style ancien que l'on visitera en slalomant à travers les ruelles. De vilaines montées pas très longues à gravir, d'alpages d'altitude à dévaler, de petits sentiers à sillonner, on se retrouvera sur le vallon de la Buffe, véritable porte d'accès au plateau d'Emparis que l'on va remonter jusqu'au refuge du même nom où est chaque année installé un camp de yourts qui n'est pas sans me rappeler un petit air de Mongolie dans ce décor alpin. En tête de course, Benoît Vaxelaire se retrouve seul en tête avec 10 minutes d'avance sur Alexis Chenevier (ce dernier ayant fait fausse route quelques kilomètres auparavant...) et 12 minutes sur Florian Wenger.

 

Nous attaquons maintenant le long portage nous menant sur le plateau d'Emparis. Le ciel s'est un peu dégagé mais reste menaçant pendant ces 40 minutes où il nous faudra pousser ou porter nos montures sur un sentier escarpé avec quelques franchissements rocheux aux ardoises très glissantes. Ce portage est assez déterminant sur la course car il intervient après de nombreuses heures de course ce qui en fait une section souvent usante.

 

Nous sommes au sommet, quelque soit la météo le décor est toujours aussi grandiose, on roule ensuite dans de grands espaces sur des sentiers rapides qui se croisent, à nous de choisir le notre, c'est globalement assez relaxant après ce long portage. Après quelques kilomètres, le chalet Josserand est en vue, celui qui marque l'entrée de la boucle "Oisans" qui nous fera plonger vers le village de Besse avant de remonter tout le dénivelé pour nous retrouver ici-même.

 

Avant même d'amorcer la descente, une nouvelle tombe: l'arrivée de l'épreuve sera jugée à la fin de cette boucle, la descente sur La Grave étant simplement annulée en raison d'une dégradation météo prévue. C'est évidemment dommage pour tout les concurrents mais toute l'équipe d'organisation aura su être réactive face à une météo capricieuse en engageant la priorité sur la sécurité.

 

Nous abordons donc cette vertigineuse descente sur le village de Besse en Oisans en suivant un sentier très sinueux, des dizaines d'épingles, des crevasses à éviter... Décor très minéral au début devenant boisé, les pierres laissant place à une multitude de racines.

 

Nous voici déjà en bas, il faut de suite remonter tout le dénivelé précédemment dévalé pour se hisser de nouveau sur les hauteurs du plateau d'Emparis où sera donc jugé l'arrivée finale de ce 6e Ultra Raid de La Meije version élite. Cette montée longue de 9kms paraît toujours longue et ennuyeuse pour escalader ces 700m de dénivelé, d'autant que le temps redevenu plus clair sur le bas du parcours va définitivement se couvrir. On franchira alors la ligne d'arrivée sous les nuages.

 

Au final, le vainqueur sortant Benoît Vaxelaire remporte cette nouvelle édition un peu particulière d'une courte tête en conservant une petite minute d'avance sur l'annecién Alexis Chenevier auteur d'une impressionnante remontée après son erreur de parcours. La troisième place revient au suisse Florian Wenger. Il faudra à peine moins de 7 heures aux deux premiers coureurs pour boucler les 85kms et 4000m de dénivelé d'un parcours remodelé de fort belle manière afin d'assurer la sécurité de l'intégralité des coureurs.

Chez les dames, c'est la surprenante Céline Augueux, plus à l'aise en descente qui parviendra à résister au retour de la catalane Ada Xinxo vainqueur en titre. Quand à la vainqueur des trois premières éditions, l'alsacienne Danièle Troesch, elle prendra la 3e place après avoir été victime d'un soucis mécanique à mi-parcours.

 

Petit tour d'horizon sur la formule adaptée en deux jours qui ont eux bouclés 62kms en ce samedi, shuntant les longues ascensions sur le plateau d'Emparis pour rentrer sur La Meije à partir du vallon de la Buffe. Ils boucleront la seconde partie du parcours le lendemain sous un timide soleil mais également avec une étonnante épaisseur sur les hauts plateaux, rendant un peu plus délicat le portage qui suit le refuge de la Buffe. Cependant, les coureurs seront autorisés à effectuer l'intégralité du parcours prévu pour un total de 50kms en ce dimanche. Au final, c'est de nouveau un sociétaire du team Raid Vauban qui s'impose en la personne d'Olivier Descamp qui remportera les deux étapes et cette formule Raid Ultra devant un alsacien habitué de l'épreuve, Pierre Hinschberger. Benoît Evrard prend la 3e place.

 

Voilà une nouvelle édition de l'Ultra Raid de La Meije qui s'est de nouveau montré comme un succès malgré une météo peu encourageante mais cette épreuve reste un mythe en France, un graal qu'il faut aller chercher en parvenant à boucler l'impressionnant parcours proposé. Certes, on aura pas pu visiter ce somptueux massif des Cerces mais nul doute que ça va donner l'occasion de revenir sur cette 7e édition afin de boucler l'intégralité de ce parcours unique en Europe.

 

Site officiel de l'épreuve: www.ultraraidlameije.fr



Endorphinmag - Fred Ischard

Septembre 2016.