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Gévaudathlon 2012

le 01.08.2012 par Stéphane DumortierPartager
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Stephane Dumortier

Pour la 3ème année consécutive Arverne a engagé deux équipes à Marvejols. 2010 pour découvrir, 2011 pour être bien sûr de nous, 2012 pour confirmer : oui, le gévau sera au programme de l’association chaque année ! De Hyelzas à Mende en passant par Quézac, les yeux ouverts comme un gamin à chaquecoude de piste, à chaque passage de mouvement de terrain, il n’y avait rien à jeter encore une fois. Les vautours planent une dizaine de mètres au dessus de nous comme pour nous rappeler que nous sommes chez eux. Le bike and Run nocturne sur IGN de la veille détermine l’ordre de départ des deux jours de courses qui suivent. Jérôme et Dav s’élancent de la 17ème position avec le couteau entre les dents. Seb et moi partons de la 7ème place. Ce premier Trail tracé à flanc dans les gorges de la Jonte nous donne un avant goût du week end et le summum est atteint peu avant l’assistance, en traversant la grotte de Dargilan, réservée aux coureurs l’espace d’une heure ou deux.

Nous récupérons les vtt et partons en suivi d’itinéraire direction le chaos de Nîmes le vieux, en plein parc national des Cévennes. Quand on connaît la fragilité d’un tel milieu et le labyrinthe administratif pour organiser dans un endroit comme ça, on ne peut qu’être respectueux devant le travail de l’équipe d’organisation. La section vtt est assez cassante au début et Seb et moi nous faisons chahuter par la caillasse omniprésente. La fin de parcours n’est pas de tout repos non plus et la remontée sur le causse entame bien les organismes. Mais la récompense est au bout, dans ce petit village du nom de L’hom, où d’ailleurs il se fait rare … Un désert de rocher sur photo aérienne, le menu de cette troisième section est sans aucun doute un des plus beaux moments de raid que j’ai pu vivre, et que seul un raideur peut connaître. Car faute d’autorisations il n’y aura sans doute jamais de carte IOF dans un tel endroit et seule une photo aérienne pouvait nous permettre d’orienter dans un secteur plus technique que le Caylar. Le brouillard est de la partie et il ne faudra pas compter sur le hasard pour trouver les 6 postes de cette section. Nous revenons sur Dav et Jérôme sur le poste 4 et finissons en boulet de canon cette section. Nous prenons alors provisoirement la tête du raid que nous garderons jusqu’à la fin de la première section du lendemain.
La section suivante nous fait d’abord cheminer dans une zone hyper protégée et absolument désertique où des consignes de silence nous ont été données. Difficile de se taire quand on aurait envie de crier devant de tels paysages ! Puis nous rejoignons une grande piste roulante où nous mettons les watts pour rejoindre la co score.
Un rapide état des forces qu’il nous reste nous fait choisir la zone avec moins de déniv mais plus de distance, heureusement car je fais ma petite hypo de la journée au moment où nous devons accélérer pour finir dans les temps. L’avant dernière section est un vtt O assez roulant, sans grande difficulté technique mais on en est à plus de 7 heures de course et ça tire un peu. La descente finale demande un peu de vigilance, surtout pour les grosses luges à foin que nous sommes ! Enfin la rivière ! 7,5 kms de rivière mais en pagaie simple, on ne va pas s’amuser beaucoup … Deux passages techniques et autant de bains plus tard on arrive sur la terre ferme. Plus qu’à attendre Dav et Jérôme qui ont crevé.
Nous rejoignons Marvejols pour essayer de récupérer du mieux possible des 9h d’étape et 3000 mètres de déniv que nous venons d’enquiller.

Le lendemain, départ en chasse sur une section de vtt avec la fameuse spéciale du président en fin de section, un mur de 300 m de déniv sous une ligne électrique. Un vtt très agréable avec de beaux singles sinueux. Avec Seb nous faisons le choix de tout donner jusqu’au pied de la bosse finale, et de monter celle-ci à la « gniac ». Nous repartons immédiatement sur le gros coef de la journée, un Trail typique du gévau, le chemin le plus large doit faire 20 cm et les chaussures ne restent pas sèches longtemps ! Une erreur d’aiguillage dès le début de course nous fait perdre quelques minutes mais bien moins que Jérôme et Dav qui sont allés jusqu’au fond du thalweg, trompés par un balisage réalisé par des motards. Cette erreur coûtera chère à pas mal d’équipes dont certains qui jouaient la victoire comme les Raidlink’s X bionic.
Nous arrivons à la transition pour repartir sur la section la plus courte et la plus facile du week-end sur laquelle nous avons failli abandonner tout espoir de podium. 11 kms de vtt road book très descendant. Nous revenons assez vite sur l’équipe « centre omnisports », le parcours est très sympa et serpente dans les plantations d’épicéas. Je m’apprête à m’arrêter pour mettre à jour la suite du road book quand devant nous déboulent les deux équipes de Lozère. Je flaire immédiatement la bonne opération à 3 kms de l’arrivée de cette section. Nous nous engageons derrière, la poignée dans le coin sur un single descendant. On est dans la roue, ça roule très vite. Je suis le gars de devant qui lui-même suit celui de devant qui lui même suit celui de devant qui lui-même … ne suit plus personne ! Mais ça on ne s’en rend compte que quand on arrive sur une route et qu’il n’y a plus personne devant nous. On est 5, perdu dans la pampa.
Une case du road book ressemble à ce qu’on vient de voir passer, on continue, ça correspond toujours, 270 épingle à droite, 160 franchir la rivière, ok ça va, puis tourner à droite, « ha ben là on est mal, y a rien à droite ! » … on tergiverse, puis on décide de remonter les 150 de déniv que l’on vient de descendre comme des barjots. On se recale sur l’itinéraire, enfin, et on repart après avoir perdu un bon ¼ d’heure et pas mal d’énergie. Une bonne leçon en tous cas pour qui s’amuse à suivre bêtement …

On arrive à la transition, Dav et Jérôme partent pour la Co. Une Co pas hyper technique et surtout où il fallait avoir les jambes que je n’avais plus. Ma petite hypo quotidienne, réglée en 20’, pour repartir sur un dernier road book et tenté de rattraper les potes d’Arverne.
Nous faisons la jonction dans la dernière bosse avant de redescendre sur Mende. Une dernière Co urbaine, très courte donc primordiale où nous jetons toutes nos forces et enfin l’arrivée !
Il nous reste juste le temps nécessaire pour se requinquer un peu avant l’ultime étape du gévau, la cérémonie de remise des prix ! Car faire le gévau sans faire la remise des prix, autant rester chez soi ! Un super moment de convivialité option disco, avec des gévaudagirl’s hystériques qui vous arrachent le caleçon quand vous défilez dans la haie d’honneur pour rejoindre le podium ! Car finir à poil est bon signe au gévau, ça veut dire que vous êtes sur le podium … Dav et Jérôme finissent 6ème, Seb et moi 2ème, à la même place qu’en 2011.
Il faudra être patient, gagner un gévau se mérite ! Les lozériens d’LSN déjà vice champion de France, montent sur la plus haute marche, la 3ème place est prise par une autre équipe de lozérien, « centre omnisport Lozère ».
Définitivement un raid à faire au moins une fois dans sa vie. Trouver un assistant peut s’avérer compliqué sur certains raids mais ici, c’est l’assistant qui insiste pour refaire le raid l’année d’après ! Quand on a goûté une fois au gévau, on est obligé d’y revenir !
Le principe du raid : classement aux points. A chaque section est affectée un coefficient entre 1 et 3. Pointage sportident au début et à la fin de chaque section puis classement section par section. La seule section du premier soir est coefficient 1 mais détermine pour les deux jours de courses l’ordre de départ (départ en chasse toutes les minutes). Il peut donc arriver qu’une équipe remporte le raid mais ne l’aurait pas remporté si le classement avait été établi au temps !
Il y a donc pas mal de stratégie à mettre en place !



Compte-rendu réalisé par Stéphane Dumortier, du Team Arverne Outdoor.
Aout 2012