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Team X-Bionic : Laurent Valette

le 09.11.2012 par EndorphinmagPartager

Dans le paysage des raids ou des ultras trails, difficile de passer à côté du team X-Bionic.
Composé de 7 membres, ce sont des sportifs , qui savent partager leur amour de la nature et du sport. Le Team est soutenu par X-Bionic et depuis peu par Sidas. C’est au cours d’une journée Team que j’ai eu la chance d’interviewer Laurent Valette, Elodie Regazzoni, Manue Zanders, Céline Combaz, Julien Moncomble, Florian Racinet et Rémi Loubet.
En attendant l’interview complète des membres du Team X-Bionic dans le prochain mag à la fin du mois de novembre, je vous propose l’interview complète du team Manager Laurent Valette.
Sacré Monsieur que ce « lolo », qui arpente les destinations de choix, pour nous faire rêver et découvrir des paysages ou des courses hors du territoire. Il rentre par exemple tout juste du trail du Perroquet sur l’île de Rodrigues (18iéme). Certains le suivent peut être déjà sur son blog mais là petit zoom sur un sportif comme on l’aime.

01 – EndorphinMag.fr (EM) : Bonjour Lolo

Laurent Valette (LV) : Salut Mike

02 – EM : Comment es-tu venu au trails/ raid / ski alpi ?

LV : Depuis ma tendre enfance, en fait, J’ai commencé avec l’aviron. On s’entraine en extérieur sous des conditions climatiques parfois pas simples. Et après 20 ans d’aviron, je suis passé à autre chose délaissant ce côté sérieux et rigoureux, voire même pas très drôle. J’ai eu envie de m’éclater, de profiter de ma condition physique et de me diriger vers du sport ludique, fun et collectif... On retrouve ce côté collectif en aviron, mais c'est plutôt l’un derrière l’autre avec beaucoup d’entrainement individuel. Il me manquait un échange, un esprit de solidarité pendant l’effort. Et c’est tout naturellement que je me suis tourné vers le raid. Tu vis des aventures à 2,3 ou 4, sur lesquelles tout le monde avance ensemble. Et du coup, je me suis découvert des qualités mentales pour ce genre d'épreuves extrêmes; pour faire des raids longs en équipe ou en individuel. Mais ce que j’aime en fait, c’est alterner course seul et course en équipe : J'aime me retrouver face à moi-même parfois, seul avec mon défi puis relever des challenges en équipe pour partager des moments uniques.



03 – EM : quelles sont tes disciplines de cœur ?

LV : Pas sur d’en avoir une réellement, j’ai vécu de bons moments en raid ou en ultra-trail que je ne saurai choisir. Depuis quelques années, je me suis plutôt tourné vers les ultra-trails. J'aime ce côté aventure, long périple, exotique (désert ou montagne), agrémenté d'originalité avec du dénivelé si possible. Sinon en raid, j'aime bien les épreuves nautiques, peut être du fait de mon passif en aviron. ;)
Mais je suis pour l’alternance surtout sur des longues distances. 30-35h de trail ok, mais lorsque je vois des épreuves comme le Tor des Géants dépasser les 80h non stop, je ne me sens pas capable de faire ce genre de course. J’ai cependant beaucoup de respects pour ces compétiteurs mais personnellement sur des temps aussi longs, je me dirige directement vers du multisport.

04 – EM : que cherches-tu dans tes sports ?

LV : En premier lieu, une grosse notion de partage en équipe, car faire une course seul, c'est sympa, c'est parfois énorme mais l’expliquer aux autres, aux proches, ce n’est pas facile alors qu’avec des partenaires… Quand on évoque nos aventures, les yeux pétillent, même pas besoin de se parler, un regard suffit pour se remémorer des moments intenses
Ensuite, je cherche à allier sport et découverte : découverte du monde, et de moi-même! Découverte des hommes aussi, que ce soit à travers les voyages ou au sein de ma propre équipe. Car tu perçois tes équipiers sous un œil nouveau. Il y a une sacré différence entre prendre un café ensemble et vivre 100 heures sans dormir, rustique, sans hygiène, au bout du monde, au bout de nos efforts!
En troisième lieu, je cherche la multi activité sportive. Tout est bénéfique et j’aime à me dire « aujourd’hui j’ai prévu quoi ? du fractionné" mais il fait un temps de m…e pour courir en extérieur alors que je peux nager, grimper ou skier. Tout est utile. Donc je m’éclate sans pression.

05 – EM : qu’est ce que la compétition pour toi?

LV : Au tout début, en débarquant de l’aviron, j’étais compétition à fond et je me disais : « j’y vais pour gagner » je voulais être devant, le plus fort. Et au fil des années, je vois plus ça comme « finir » l’aventure, c’est-à-dire, me lancer un défi, à plusieurs ou pas, et aller au bout. Et là, tu te rends compte que le véritable but c’est d’aller de l’avant, de faire de ton mieux avec le plaisir et le sourire. Et s’il y a plaisir, il y a souvent performance. C’est souvent lié. J’ai un gout prononcé par l’esprit de traversées comme la diagonale des fous par exemple. Pas de boucle, juste un chemin coupant des paysages de folie pour relier 2 lieux. Imagines : 2500 traileurs au départ, on ne sait pas combien finiront, ça renforce cet esprit d'épopée. Tu réalises alors que tu ne te dépouilles pas pareil seul et en équipe. Je pense qu’en équipe, tu es capable de te transcender à l’extrême pour les autres. En Argentine, cette année, j’ai terminé les 30 dernières heures dans un état miséreux. Tout seul, je ne me serais pas mis si mal. J’aurai fini mais pas aussi intensément. Pourquoi? Parce que l’on ne connaissait pas notre place et on s'est vraiment donné à fond jusqu'au bout tous ensemble pour ne rien regretter. Au fil d’une course les objectifs changent en fonction de la météo, d’une blessure mais ce n’est pas pour autant qu’il faut abandonner. Il faut gérer les aléas et aller au bout de soi-même. Et à 4, il y a 4 fois plus d’aléas donc il faut constamment ajuster, gérer notre effort et celui des autres pour vivre ce moment unique au bout du monde à fond, …en gros terminer c’est déjà une victoire.

06 – EM : Ton meilleur moment en course ?

LV : J’en ai vraiment beaucoup. A froid comme ca, ce n'est pas facile. Mais cette année, c’est la Patagonie, je pense. On franchi la ligne d’arrivée et on ne sait pas à quelle place on est ; on nous annonce 3ème dans un premier temps et 3mn plus tard, on nous dit que nous somme 2ème. Grâce à un bonus de temps que l’on a rattrapé. Etre allé au bout de cette course, au bout de nous-mêmes et hériter de ce classement en coupe du monde, c’est inespéré, rare. Tu ne t’y attends pas et tu partages ce moment avec tes potes : cet état et cette sensation qui montent en toi sont indescriptibles. Après j’ai beaucoup « flashé » pour la Réunion et la diagonale des fous. Je pense que c’est un événement unique au monde, un des monuments de l'Ultra-Trail. L’île, l’ambiance, le parcours,…tout !!

07– EM : Un mot sur ton équipement… Quel est l’investissement de X-bionic dans le team ? As-tu l’occasion de tester des équipements non commercialisés ? As-tu des échanges avec les techniciens en vue d’améliorer les produits ? Comment le team s’est-il construit ?

LV :En gros, nous sommes sponsorisés par X-Bionic. Et depuis aujourd’hui, nous devenons des ambassadeurs Sidas Sport France, qui a décidé d'équiper en semelles le du team X-Bionic athlètes pour faire connaître leurs produits de qualité. Au niveau de l’investissement, il est total ; les athlètes ont droit à une belle dotation vestimentaire quasiment 2 fois par an (été/hiver).
Parfois, on teste des prototypes mais assez rarement, nous ne sommes pas spécialement intégrés au développement. Cependant, nous donnons notre avis sur les produits : nos préférences en fonction de la température, du sport. Nous faisons part de notre ressenti et surtout de la tenue appropriée sur tel ou tel événement : par exemple sur l'UTMB, parmi toutes les tenues X-Bionic que nous avons laquelle serait le plus adaptée ? Si je vais au Dodo trail, à l’ile Maurice, ma tenue sera différente. En fonction de nos remarques, ils adaptent les informations clientèle ou vendeur et cela crée des échanges entre nous, les marques et les revendeurs.
Au moment de la sélection des athlètes, avec Pierre (responsable marketing team X-bionic) nous sommes très sensibles à l'affectif, aux relations privilégiées que nous avons avec les différents athlètes plutôt que sur des performances. Donc tout naturellement, nous avons choisis des sportifs performants mais avec une réelle personnalité. On retrouve des champions comme Florian Racinet ou Julien Moncomble! On veut des gens qui aiment le produit. Et pas des sportifs qui veulent du sponsors pour avoir des dotations, sans échanges, sans envies. Certains prennent des contrats sans vraiment apprécier les produits et ne jouent pas vraiment le jeu. C’était impensable pour nous. Il faut savoir qu’aucun athlète n’est rémunéré, c'est notre politique, et nous l'appliquons pour tous. On recherche des passionnés qui feront de leur mieux, sans pressions de résultats, du coup, on prend plaisir et bien souvent les résultats arrivent tout seul.
Pour résumer : Une vrai relation de plaisir et de confiance entre X-Bionic/Sidas et nous.



08 – EM : Quelle est la clé pour être un bon pratiquant de raid aventure, trails,… de sports outdoors ?

LV : Le côté mental, pour moi, est important. Que se soit sur du long ou du court, en raid ou en ultra-trail, il faut «se mettre une bonne cartouche» mais pas n'importe comment et n'importe quand. L’expérience aussi : tu te bonifies avec l’âge même si physiquement tu ne progresses plus trop. La gestion de l’effort, du sommeil, de l’équipe. Donc du mental et, sur les raids, la solidarité est indispensable : un mec super fort tout seul devant ne serre à rien dans une équipe. Alors que si il aide le plus faible du moment, là, il devient une pièce indispensable du puzzle. Il faut également ne pas avoir peur, se lancer, tenter l'aventure et apprendre de ses erreurs. Les échecs et les victoires te construisent toute ta carrière!

09 – EM : Un mot qui définirait le team, dans lequel vous vous rassemblez ?

LV : Je dirais, Harmonie….l’ harmonie des personnalités qui composent le team et des sports qu’ils pratiquent.

10 – EM : déjà des objectifs pour 2013 ?

LV : Oui, bien sûr ! Je vais tenter d'être sélectionné pour participer à un Ironman : « LENORSEMAN ». Comme je ne fais rien dans le bon ordre, je vais directement à quelque chose de très dur : comme ça, c’est fait. Il se passe en Norvège ; c'est à priori, l’un des Ironman le plus dur au monde : 3,8 km de natation dans un fjord à 13-14 degré depuis un ferry au milieu du lac. Ensuite, 180km de vélo de route avec 3800m de D+ et enfin un marathon... Mais la particularité de celui-ci est que tu te tapes 1850m de dénivelé positif pour arriver au sommet d’une montagne. Tu finis en trail, en fait ! Seul Hic, limité à 250 participants et un quota par pays. Il faut donc que je me qualifie. Ce que j'aime sur cette course de malade, c'est qu'il n’y a même pas de prime ; le but étant d’arriver dans les 160 premiers pour obtenir un t-shirt noir : celui qui permet d’aller au sommet. Les autres sont redirigés vers un parcours de repli avec un t-shirt blanc. J’aime cette esprit «nouveau défi » que je ne connais pas …. Donc gros gros chalenge pour moi… si je suis pris (sélections en octobre/novembre). Je pense également retourner au Grand raid de La Réunion, trop « fan » de cette île!

11 – EM : un dernier mot ?

LV : Je suis ravi que tu sois venu pour nous interviewer ici chez SIDAS SPORT FRANCE. Endorphinmag est un bon moyen moderne de communiquer, qui se fait de plus en plus connaitre notamment parce que vous suivez au coup par coup et de très prêt les courses. Je me suis aperçu qu'on a souvent plus d’infos par Endorphinmag que par le site officiel de la course. Ça fait plaisir de voir des passionnés consacrer leur temps aux sports outdoor et notamment au raid alors continuez ainsi, et merci pour l'ITW

EM : Merci Laurent pour ces quelques minutes que tu m’as consacré

Interview realiée par Endorphinmag
Novembre 2012