EndorphinMag : mag des sports nature 100% gratuit en un CLIC

Les articles du Mag

ULTRA RAID DE LA MEIJE : VTT MONTAGNE

le 02.10.2013 par EndorphinmagPartager
Bertrand Boone
Ultra Raid VTT de la Meije

Mercredi 18 Septembre, la météo du week-end s’annonce excellente après quelques jours de mauvais temps… que faire ?

Ooooooh mais l’Ultra-Raid de la Meije tombe justement ce samedi !

 

Raid aux mensurations impressionnantes, avec 110km, 5200m de dénivelé positif, un point bas à 1500m d’altitude, deux passages à plus de 2600m, tracé dans un cadre de rêve tout en sentiers techniques, et des portes horaires plutôt tendues… Voilà un bon challenge pour surfer sur l’entrainement accumulé ce printemps pour la Transpyr !

 

Rendez-vous est pris avec mon coéquipier de Transpyr Olivier ainsi que d’autres amis, et nous voilà inscrits de dernière minute à cette épique épreuve.

 

Réveil difficile samedi matin 5h, Sport-Dej au menu du petit-déjeuner. Le temps de s’habiller et il est déjà 5h50, installé en queue de peloton  au guidon de mon tout nouveau Cannondale Trigger 29’’ sur la place de l’église de Villar d’Arène, cuissard court, t-shirt et manchettes dans la nuit par 3 degrés. Brrrrrrrr… vivement qu’on roule.

 

6h, le départ est donné. Le peloton s’élance mollement (en tout cas à l’arrière), équipé de lumières avant/arrière et de gilets fluo, on dirait une bande de vélotaffeurs insomniaques.

Je prends mon rythme et remonte tout doucettement le peloton. On atteint le col du Lautaret et plonge un court instant le long de la Guisane avant de bifurquer pour attaquer la piste montant vers le Galibier. Le jour se lève, le paysage magnifique se dévoile sous nos yeux. A l’approche du col l’organisation nous gratifie d’un portage bien raide dans le schiste qui nous fait déboucher au-dessus du col du Galibier. Le paysage est hallucinant : coucher de lune sur la Meije, vallée de la Guisane et autres Aiguilles d’Arves saupoudrées de sucre-glace en mettent plein la vue. Je laisse l’éclairage et le gilet jaune au ravito dans le sac prévu à cet effet, et attaque la descente. Le sol est givré, la descente plutôt raide et cassante… Premiers mètres à pieds, coincé derrière un autre coureur, puis gros plaisir avec mon gros vélo ! Je me retrouve rapidement seul dans la descente sur un sentier d’alpage bien creusé et garni de blocs.


La remontée sur Plan Lachat se fait par un sentier pas facile à négocier sur le vélo. Après avoir traversé la route du col, la montée aux Rochilles par la piste est en revanche ultra roulante. Je recharge la boisson au ravito ou les bénévoles sont super sympa, aux petits soins (il en sera de même tout le long, merci à eux !).


La troupe s’est sacrément étalée, plus grand monde à proximité sur les lacets au-dessus des Rochilles. Devant, après avoir repris 2 coureurs sur le balcon aérien qui termine la montée au col de la Ponsonnière, il n’y aura plus personne en vue pendant quelques heures.


Ultra Raid Vtt de la Meije


Une fois basculé au col, j’engage cette splendide descente de haute-montagne, festival de passages rapides, cassants, trialisants, passant par le Grand Lac et s’achevant à l’Alpe du Lauzet. Les quelques randonneurs ont l’air surpris qu’on puisse faire du vtt sur un terrain si chaotique.

Pause rapide au ravito. A propos de ravito, 9 ravitaillements sur 110 km, qui plus est bien fournis y compris en « alimentation de l’effort », on peut dire que l’organisation a sorti le grand jeu.

J’attaque le chemin du Roy en direction du Lautaret, superbe balcon parfois assez exposé… une course a gros déniv’ avec du bon vtt de montagne, j’adore ! Après quelques épingles sympa en forêt, je débouche en fond de vallée sur la piste qui remonte au col du Lautaret, seul. Une silhouette de vttiste au loin me motive à appuyer un peu plus fort sur les pédales. Je le rejoins au col du Lautaret ou trône l’hélico de sécurité de la course. Les moyens ont été mis, c’est rassurant vu la technicité et l’exposition de certains passages.

Retour direction Villar d’Arène par le même sentier qu’à aller. Cette fois il fait jour, on se prend la Meije en pleine poire sur cette section ! il faut quand même penser à regarder le sentier.

La bifurcation ver le lac du Pontet marque le début de mon coup de mou. La piste raide est mise à profit pour papoter avec un autre coureur qui se trouve être l’organisateur du raid Vauban. Le dit-coureur finit par me distancer sur le sentier en balcon en direction du hameau de Valfroide. Pour ma part j’attends que ça passe et m’empiffre de barres énergétiques, histoire de retrouver un peu la patate pour la suite.

Je passe la bifurcation du parcours de 70km à Ventelon (qu’on prend soit volontairement, soit parce que la porte horaire est fermée) sans me poser de question et enchaîne jusqu’au Chazelet. Personne devant, personne derrière à perte de vue. Ça n’aide pas à rouler vite, mais le cadre est propice à la méditation...

Passé le Chazelet, je me retrouve en terrain connu : la longue piste en faux plat montant qui s’enfile dans le vallon jusqu’à la baraque de la Buffe. Les jambes sont là, j’appuie, d’autant plus que je revois du monde devant au loin !  

Au ravito en bout de vallon, après avoir cédé le passage à deux troupeaux de moutons, j’ai rejoint le fameux gars aperçu au loin. Il a l’air dans un drôle d’état. La voix dans le talkie-walkie du bénévole annonce la première (et seule) féminine au Chazelet.

Je repars pour attaquer le mi-roulage-mi-poussage vers le Serret, en doublant tout de suite le gars. Je me retourne quelques minutes plus tard, plus personne. Aurait-il fait demi-tour ?


La montée est pénible, chaque brin d’herbe semble s’entourer autour des crampons ! Finalement me voilà au cairn qui marque le col. Bizarrement je suis persuadé d’avoir raté la porte horaire pour Besse… quand j’y arrive vers 15h10, je suis surpris d’apprendre que la porte n’est qu’à seize heures ! Cool ! J’attaque l’excellente descente sur Besse par le GR, tranquillement puis de plus en plus vite en jouant avec les appuis de cette véritable piste de bobsleigh. Presqu’en bas je virevolte avec le sourire quand Newton, aidé par une saignée dans le sentier, me rappelle à l’ordre et m’envoie par terre. Même pas mal, je repars et profite bien de la partie épinglue de la descente.

La boucle dans Besse est longuette : on passe au-dessus, puis traverse le village, se ravitaille pour ensuite descendre jusqu’au torrent et remonter jusqu’à la piste du col St Georges.

Ah cette piste… Interminable surtout quand elle participe au 5000eme mètre de dénivelé de la journée… heureusement (ou pas) juste à son pied je croise deux têtes connues qui descendent sur Besse. J’ai donc une grosse dizaine de minutes d’avance sur eux. Pas question de me faire rattraper, ou alors pas sans avoir tout donné avant. En beaucoup plus de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, je me retrouve au ravito du col bien content d’en avoir fini avec le gros du déniv’ et sans m’être fait reprendre.

La traversée du plateau jusqu’au col du Souchet et le tour des lacs sont toujours aussi inoubliables ; La lumière de fin d’après-midi donne vraiment envie de se poser la pour profiter du panorama, mais bon c’est pas tout ça, il reste une bonne descente avant d’en finir.


Je rejoins deux gars au Chazelet après les avoir pourchassés sans savoir s’ils étaient sur l’Ultra (110km) ou s’ils avaient été routés sur le 100km après avoir raté les portes horaires. En les rejoignant je ne leur pose pas la question… Et on attaque ensemble la descente de Notre Dame de Bon Repos, qui a la double caractéristique d’être la dernière et la plus engagée de cet Ultra Raid : plusieurs épingles déversantes et empoussiérées demandent une bonne maîtrise du nose (enroulement de l’épingle sur la roue avant), et les premières sont même du type « tu tombes t’es mort ».  Lucide sur mon état de fatigue, je passe les premières épingles à pieds, avant de le prendre (mon pied) sur le reste de la descente. Quelques noses plus bas je rejoins la route en m’étant débarrassé de mes deux concurrents probablement moins techniques ou plus fatigués.

Je mets tout ce qu’il me reste de jambes sur la piste le long de la Romanche avant le final - tant redouté chaussures de skis aux pieds et paire de fats sur le dos, mais pas bien dur à vélo - de la remontée vers la gare de téléphérique de La Grave.

Cent mètres plus loin je passe la ligne d’arrivée après 12h10 de course, bien claqué mais heureux 23ème de ce raid VTT d’anthologie.

 

Conclusions sur la course :


L’Utra-Raid de la Meije est à mon sens La course VTT majeure en France pour les amateurs de vélo de montagne de par son gros dénivelé et surtout par la grande proportion de sentiers très techniques.



L’organisation (J.P. Routens en tête) est tout simplement au top, le paysage à couper le souffle et le tracé exceptionnel.

Les mises en gardes sur le site ne sont pas à prendre à la légère : la difficulté technique et l’engagement sont réels, et les portes horaires sont très contraignantes (à peine une 40aine de finishers de l’ultra sur plus de 120 inscrits)

 

Retour d’expérience sur le nouveau vélo :  

Après une Transpyr au guidon d’un semi rigide de XC en 26’’, j’ai eu l’occasion d’essayer quelques 29 pouces avant de me décider à en acheter un.

  • D’abord un semi-rigide XC Merida, super léger (9.5kg), mais alors pas drôle du tout : sensation ultra-pataude.
  •  
  • Puis 2 Cannondale, le Scalpel et le Trigger ; Le Scalpel est clairement une arme pour les courses de montagne, il est léger, nerveux, rigide en relance mais confortable, et même agréable à piloter tant que ce n’est pas super cassant. Ce serait mon choix si j’étais un vrai compétiteur.
  • Le Trigger est « mon » vélo idéal : malgré ses 13.8Kg, il m’a pleinement satisfait pendant cet Ultra Raid de la Meije. Ok il est un peu lourd au portage, mais il offre une motricité démentielle dans les montées cassantes, ne cabre pas dans le raide, il roule plutôt pas mal et c’est un pur régal dans les descentes de montagne (blocs, sentiers, et même épingles où il ne rechigne pas au nose). Sûrement pas un vélo pour gagner cette course, mais pour se faire plaisir en montagne, ça c’est clair !



Crédit photo Bertrand Boone

Endorphinmag

Octobre 2013.