Noctiraid ou pas Noctiraid ?
Le suspens aura duré pratiquement jusqu’au jour J car en raison des conditions météo particulièrement « hivernales » cette année (importantes chutes de neige en région parisienne, verglas, routes bloquées…), l’organisation du Noctiraid a du batailler ferme pour pouvoir maintenir son événement.
Le principe de ce raid ? Un départ nocturne par équipe de 3 et un enchainement d’épreuves à réaliser « en étoile » tout au long de la nuit.
L’édition 2018 aura donc bien lieu et l’équipe EndorphinMag.fr (Delphine Wentzo, Marjorie Thomas, Ludivine Mantz) se prépare à prendre le départ.Parties de Metz en début d’après midi, nous redoutons un peu une circulation rendue difficile voire impossible. Finalement les routes sont bien dégagées et nous arrivons sans encombre jusqu’à Bure sur Yvette (il faut dire qu’en tant que filles de l’Est, nous en avons vu d’autres !).
17h, le grand gymnase qui sert de point névralgique à l’ensemble de la course est encore calme, nous pouvons retirer nos dossards tranquillement mais aussi nous initier au tir à la carabine en vue de l’épreuve de Trail Biathlon qui est au programme des réjouissances de la nuit. 19h 30, briefing. Nous percevons un léger flottement dans l’organisation entre les épreuves initialement prévues (VTT, run&bike, trail biathlon et CO), celles finalement maintenues (le Run&Bike est purement et simplement annulé) et les modifications de parcours ou de règlement (distances modifiées sur le VTT et le Trail, barrières horaires élargies, épreuves non chronométrées… puis finalement chronométrées quand même).
21h, coup d’envoi pour les premières équipes, sachant que les départs sont échelonnés toutes les 30 secondes et qu’il y a une centaine d’équipes inscrites au Noctiraid. Nous avons le dossard n°99, nous allons reprendre un thé bien chaud ! 21h45, départ prévu pour notre équipe, sauf qu’il y a du retard et qu’il nous faut encore attendre. Nous « errons » entre le gymnase et les abords de l’arche.
22h, la neige s’est mise à tomber. Nous nous élançons pour 18km de VTT. Après quelques tours de roues dans les rues de Bures sur Yvette, la première grosse montée s’annonce qui nous amènera dans la forêt. Nous comprenons très vite que la glace, la neige, mais surtout la boue vont être de la partie et qu’il va falloir s’y faire. Ce sera finalement la seule difficulté de cette épreuve. Le tracé est plutôt plat et roulant passée cette montée initiale, utilisant des chemins assez larges, voire de grosses portions de route. J’adore cette ambiance très spéciale, parfois féérique, nuit et forêt, et le côté glissant qui rend l’épreuve ludique… enfin pas pour tout le monde ! A ce moment, Ludivine ma coéquipière, me maudit de l’avoir embarquée dans cette aventure. Peu (voire pas du tout) entrainée au VTT, elle est crispée par la peur de tomber et a du mal à avancer. Nous arrivons malgré tout au terme du parcours, avec un chrono de presque 2h. Nous savons d’ores et déjà que le podium ne sera pas pour nous ce soir alors autant en profiter et continuer tout en prenant un maximum de plaisir.
(copyright C.P. : Christophe Portat)
Après un bref passage au ravito, nous partons à l’abordage de l’épreuve suivante : le Trail Biathlon. Il s’agit d’alterner des phases de tir à la carabine, et des phases de courses à pied. Nous commençons par le tir. Chacune de nous 3 dispose de 5 plombs. Chaque tir réussi confère un bonus temps qui sera déduit du classement final. Malgré les mains un peu engourdies par le froid, nous terminons notre première salve de tir avec un score honorable qui nous fait grapiller 5 minutes sur le chrono. L’épreuve de Trail nous attend à présent, une boucle de 9km dans la forêt. Ludivine est tellement soulagée d’en avoir fini avec le VTT qu’elle se sent pousser des ailes, pour ma part je suis en forme et Marjorie, dès qu’elle a réchauffé ses pieds tient également un bon rythme. La principale difficulté du parcours : la boue, toujours la boue qui rend les appuis vraiment instables ; les pieds restent parfois englués par effet de ventouse. J’allais oublier : il pleut toujours des cordes, parfois il neige, et le vent s’est levé, rendant ces précipitations encore plus cinglantes.
Nous venons à bout de cette première boucle et devons à présent réaliser notre seconde salve de tir. A croire que notre passage en forêt a amélioré nos performances, nous faisons presque carton plein avec 14 tirs réussis sur 15 et engrangeons le bonus maximum. Toute à notre satisfaction, nous repartons déjà pour la deuxième boucle de trail, identique à la première. Je suis pour ma part dépitée de devoir la refaire… Psychologiquement je trouve cela assez dur car le plaisir de la découverte du parcours a disparu et amoindri l’effet « aventure » qui me plait tant. Marjorie et Ludivine quant à elles, y voient plutôt l’avantage d’avoir déjà des repères.
Nous bouclons cette deuxième portion de Trail plus rapidement que la première et commençons à rattraper et dépasser des équipes parties bien avant nous.Nous terminons par une ultime phase de tir puis regagnons le gymnase pour nous ravitailler et nous changer car avec la pluie incessante, nous sommes trempées et l’attente au tir nous a beaucoup refroidies.
Il nous reste à affronter la dernière épreuve : la course d’orientation. 15 balises à trouver dans un minimum de temps. Chaque balise non pointée vaudra 15 minutes de pénalités sur le chrono général. Il est 3 heures du matin. Nous nous fixons une limite de 2h pour réaliser l’épreuve car nous devons impérativement être de retour à Metz en fin de matinée. Ludivine n’a jamais fait de CO et Marjorie n’est pas spécialement fan de cette discipline. Je me retrouve donc naturellement avec la carte en main et je prends les rennes de l’opération. Nous partons en trottinant à la recherche de la première balise et retrouvons rapidement d’autres équipes qui abordent l’épreuve dans le même ordre que nous. Mais là, c’est le drame ! Toute absorbée à ma lecture de carte et tout en courant, je « loupe » des marches d’escaliers et tombe assez brutalement. L’arrête d’une marche vient percuter mon muscle quadriceps qui spasme immédiatement. Je me relève mais ai vraiment mal à la cuisse. Impossible de continuer à courir. Nous décidons de poursuivre malgré tout en marchant et trouvons assez facilement les 4 premières balises. Mais avec cette baisse de régime, le froid (et la pluie qui n’a pas cessé) nous rattrape rapidement et nous paralyse. Nous avons les mains et les pieds gelés. Nous décidons d’encaisser les pénalités et de passer la ligne d’arrivée avec 9 balises non trouvées…
Nous finissons donc ce raid aux alentours de 4 heures du matin mais avec un chrono général de plus de 8 heures, le podium ne sera décidément pas pour nous ! De toute façon, l’important n’est pas là… nous avons passé une belle nuit d’aventure et de solidarité et avons fait découvrir à Ludivine le raid, cette discipline qu’elle ne connaissait pas.
Ce que nous retiendrons de cette édition 2018 du Noctiraid :
- Ce qui nous a plu : l’ambiance nocturne toujours particulière, les conditions difficiles qui donnent la sensation de dépassement de soi, l’organisation en étoile qui permet de repasser au « camp de base » entre les activités pour se restaurer et se changer.
- Ce qui nous a moins plu : la diminution du nombre d’activités (Run&Bike supprimé) rend l’ensemble un peu monotone et moins ludique, le parcours de Trail à réaliser deux fois, les départs échelonnés, s’ils sont pratiques pour éviter les engorgements, créent des écarts de temps de plus d’une heure entre les premières et les dernières équipes à prendre le départ. Un peu tristounet à l’arrivée quand tout le monde est déjà reparti lorsque les dernières équipes passent l’arche.
Endorphinmag
Delphine, Wentzo, Février 2018.