Zoom sur Stéven Le Hyaric, explorateur, conférencier, expert en survie, coach et surtout aventurier sur 2 roues !
Il y a quelques années, EndorphinMag.fr a commencé à suivre un aventurier pas comme les autres, un athlète qui trimballe son vélo partout, vraiment partout… comme lors de la traversée complète de l'Himalaya Népalais en VTT & alpinisme ou encore la traversée du Lac Baïkal du Nord au Sud sans assistance. En cette fin d’année (et après bien d’autres exploits), lancé dans le « Kili Bike Project »(1), il a réussi à grimper le plus haut sommet d’Afrique à vélo, le Kilimandjaro en compagnie de Perrine Fages, en 11H40. Au delà du défi, c’est aussi le choc des cultures qui anime Stéven, comme sa rencontre avec les Massaï qu’il exprime si bien dans son récit…
Avant de se plonger dans une interview exclusive pour EM, voici sont portrait (by himself) : « Ancien cycliste Elite, j'ai décidé d'aller au bout de mes rêves d'aventures il y a maintenant deux ans. Après avoir parcouru 150 000 km à vélo, fait 120 jours au Népal pour rencontrer les plus grandes montagnes du Monde, couru 2 Ironman, fait le Tour du Mont-Blanc à vélo et traversé la France à vélo, j'ai décidé de traverser l'Himalaya népalais en vélo et alpinisme sur la trace du Great Himalaya Trail (2000km / 90 000m de dénivelé positif) puis de réaliser un record du Monde entre Paris et Dakar (5600km) en 20 jours. Je vis mes projets avec engagement et passion et tâche toujours de mettre autant de partage que d'aventure dans mes projets. » (Extrait de son site Internet)
1 EndorphinMag.fr (EM) : Tout d’abord Bravo ! Ton ascension du Kilimandjaro et tes rencontres avec les Massaï nous ont apporté l’exotisme qui nous manquait en cette fin d’année 2020 si spéciale. Comment est née l’idée de ce nouveau défi ?
Stéven Le Hyaric (SLH) : Avec Perrine, nous essayons de faire ce qui nous plait, nous passionne et dans lequel nous prenons le plus de plaisir en essayant toujours d'en transmettre quelques fragments sur nos réseaux sociaux ou dans les médias. Nous avons traversé ensemble le Tibet, une partie du Népal, des Fjords Norvégiens et certains petits déserts chez elle dans le Middle East à vélo, nous avons couru autour du Mont Blanc, sur le GR20 et grimpé quelques montagnes et volcans. Tantôt à vélo, tantôt à pied.
Nous avions dans la tête quelques destinations pour finir l'année mais le Kilimandjaro était pour moi en tête dans tous les classements. Depuis mon retour de l'Himalaya j'ai dans un coin de ma tête l'idée de poser mon vélo sur 7 plus hauts sommets de la planète. C'est un concept qui me plait beaucoup de mettre un vélo là où il n'est pas très aisé d'en mettre un. Différentes raisons à cela, d'abord mon amour du vélo, celui du dépassement mais aussi et surtout celui de la montagne.
Ensuite, pourquoi la Tanzanie. J’avais 3 buts / rêves en venant ici en Tanzanie : 🇹🇿❤️
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1/ Grimper le plus haut sommet d’Afrique avec mon vélo le plus vite possible en compagnie de @perrinefage et ensuite le refaire faster 🏔
2/ Voir et rouler avec des animaux de la savane dont certains en voie de disparition
3/ Rencontrer des populations locales, mêmes les plus reculées comme le peuple Massaï qui m'a donné encore plus que je ne l'imaginais.
2 EM : Tu as réalisé cette ascension en vélo, accompagnée de Perrine Fages qui elle, était à pied (Trail)… Pourquoi ce choix ? Quelle préparation physique avez-vous fait compte tenu des différents confinements imposés ?
SLH : Cette fois-ci l'idée était de faire original et de faire la course jusqu'au sommet du plus haut point d'Afrique, moi à vélo, Perrine à pied. Non pas que cela ne l'a passionne pas de pousser son vélo pendant 10/15h mais disons qu'elle préférait se tester à pied et montrer la différence entre deux athlètes entrainés en vélo et à pied.
Elle a d'ailleurs amené son vélo tout près du Gilman's Point
Concernant la préparation, nous étions chacun de notre coté durant les derniers mois, elle au Qatar et moi à Paris. J'ai tout de même pu effectuer une année à près de 20 000 km de vélo cette année donc 6 000 km durant les 3 derniers mois alors la condition est bonne, je me préparais pour ça et pour un objectif plus lointain reporté l'Atlas Mountain Race (Patrick Lamarre régulièrement dans vos colonnes, y retournait aussi).
J'ai donc croisé des grosses sorties de volume sur home trainer et certaines dehors avec des sorties spécifiques Indoor chez Episod qui a ouvert exceptionnellement ses portes en décembre à 2/3 athlètes en préparation !
Pas de montagne donc mais beaucoup de travail spécifique sur Home trainer et de la force en salle avec mon préparateur physique Frédéric Paupert.
Perrine s'est elle préparée dans le middle avec programme presque similaire en salle + sorties dehors vélo et à pied.
3. EM : Le virus semble ne pas avoir d’emprise sur toi, tu as traversé 2020 au rythme voulu ? Comment as-tu réadapté tes sorties ?
SLH : C'est drôle, je suis en train d'écrire un article de bilan de mon année 2020. Je vois quotidiennement des gens se plaindre sur la planète entière de cette année 2020. Je comprends tellement. Certains ont perdu quelqu'un, ont perdu leur travail, des clients, du business. Croyez-moi, je fais aussi partie de ceux là, zéros conférences payantes en 2020 après le COVID, beaucoup de festivals de films annulés, de représentations publiques, d'épreuves et même d'expéditions.
J'aurai dû être pas loin du Pôle Sud à l'heure où je vous parle mais le COVID-19 a bousculé le Monde. Alors, oui c'est compliqué, c'est galère, c'est énergivore et ça m'a miné un bon mois après le Baikal (j'étais sur le lac Baïkal lorsque le premier confinement a été annoncé).
J'ai repris des formations, j'ai bossé encore plus, préparé la suite physiquement, mentalement, modifié mon business model en créant les épreuves GravelMan, accentué une partie de mon activité de coaching individuel et collectif à travers des camps et voyages et réfléchit à d'autres concepts qui pourraient plaire aux gens.
J'ai aussi fait pas loin de 5 000km sur Home Trainer. Ensuite, premier camp en Auvergne avec Perrine, puis dans le sud de la France enchaîné avec 3 épreuves Ultra, Nice Mont Ventoux, terminé en 3e position, Route du Diable 730km bouclé en 36h sans dormir et la Born to Ride bouclée en 51h, entre temps, un voyage dans les Fjords Norvégiens. Ensuite, le GR20 en 4 jours, 2 Tours du Mont Blanc, l'un sur la route avec mon groupe Superides et en Trail avec Perrine en 50h pour préparer sa Swiss Peak 360, puis l'assistance de Perrine sur ce trail (1 00km et 10 000D+ environ).
Après ça, j'étais un poil fatigué donc nous avons pris un petit moment de repos avant de repartir pour la Tanzanie. Une année complète en quelque sorte finalement.
4. EM : Pour les amoureux du 2 roues, Stéven organise des stages de vélo pour tous les niveaux ! Peux-tu nous en dire plus ?
SLH : En effet, j'organise des initiations à l'ultra endurance en France et en Europe sous la structure Superides et des épreuves d'initiation à l'Ultra distance à vélo sous la structure GravelMan.
La différence ? Superides sont des stages itinérants où je transmets 100% de mon expérience à des stagiaires de tous les niveaux. L'idée est par exemple de faire la traversée des Vosges, de la Corse, du Pays Basque ou d'une partie du Portugal en 3/4 jours. On partage des moments sur la route et en dehors, je suis à 100% avec les stagiaires et discute matos, philosophie de vie, passion, technique, sommeil, entraînement, etc. L'ultra à vélo se développe très fort et j'essaie de transmettre un petit peu de ce que je connais.
GravelMan, c'est l'idée de vivre une aventure hors du commun et hors des sentiers battus le temps d'un week-end ! Pas de vacances à poser, pas de garde d'enfant à organiser, GravelMan c'est découvrir une région de France ou d'Europe sur des chemins que j'ai pu parcourir dans un passif pas si lointain et qui m'ont donné beaucoup d'émotions. J'essaie de donner ça aux gens, une raison de se dépasser, d'aller plus loin et de découvrir ou redécouvrir la France et l'Europe. Prochaines dates : GravelMan Ile de France le 15 janvier et ensuite 26 février GravelMan Flanders, ensuite Auvergne, Pays Basque, Mont Blanc, Toscane et d'autres sont au programme !
Concernant les Superides, le plus vite possible, au Portugal si possible.
5. EM : La « 666 Project » est l’une de tes prochaines aventures… Dans le détail, 666 pour 6 déserts les plus durs du Monde sur 6 continents en 6 mois : 1-ATACAMA / 2-GOBIE / 3-ARCTIQUE / 4-ANTARCTIQUE / 5-SIMPSON / 6-KALAHARI-NAMIB. Ton objectif est de « réveiller les consciences sur ce que l’humanité s’apprête à vivre du fait du dérèglement climatique : la désertification. » Où en est ce projet ?
SLH : Le projet est au stade du financement mais je partirai sur un désert en 2021 quoi qu'il arrive. Je suis prêt et armé pour partir. Gobie, Atacama, Namib, Antarctique, reste à décider mais je sais que j'aurai un mois de 666 au minimum en 2021, j'ai rêvé ce projet… désormais, place à l'action.
Je suis encore à la recherche d’un ou deux gros partenaires souhaitant soutenir un athlète / aventurier comme moi et un projet comme le mien.
Pourquoi ce projet ?
Le défi climatique est face à nous, impossible de se voiler la face. Le sens de ce projet, bien au-delà de son caractère inédit puisque ce sera une première mondiale, est de réveiller les consciences sur ce que l’humanité s’apprête à vivre du fait du dérèglement climatique : la désertification.
En allant à la rencontre et en traversant les déserts parmi les plus exigeants de la planète, chacun pourra s’apercevoir des changements en cours, à venir, des conséquences sur la nature et des effets sur le corps humain.
666 pour 6 déserts les plus durs du Monde sur 6 continents en 6 mois
6 déserts / 6 continents / 6 x 1 mois.
666 est aussi un clin d'œil à ce que certains considèrent comme le nombre de l'enfer, de la bête. Un clin d'œil pour m'engager à ma manière pour la planète et contre le dérèglement climatique qui est déjà bien avancé.
Montrer ce qu'est la vie dans les déserts et les difficultés de survie vont être le fil rouge de ce projet. Quoi de mieux pour un aventurier que de montrer et explorer la réalité du terrain pour en transmettre quelques fragments.
CLIMAT
Entre -70° et +60° de l'Antarctique au Désert de Simpson en Australie en passant le Désert de Gobie en Mongolie, L'Arctique, l'Atacama au Chili
6. EM : A travers tes expéditions, tu es (malheureusement) le témoin privilégié des dérèglements climatiques, des conséquences sur la végétation, les populations… Selon toi, où se situe l’urgence ? Que faire en priorité ?
SLH : Tout change très vite, trop vite. 6,5 à 7°C d'ici 2100. C'est la température que prévoit le pire scénario climatique établi par une étude de scientifiques français, dévoilée il y a plus d'un an désormais. Le réchauffement climatique pourrait donc être pire que prévu. Dans le scénario le plus pessimiste, basé sur une croissance économique rapide alimentée par les énergies fossiles, la hausse de la température moyenne mondiale atteint 6,5 à 7°C en 2100. Dans le dernier rapport du GIEC de 2014, le pire scénario prévoyait +4,8°C par rapport à la période pré-industrielle.
Ça veut dire quoi ces chiffres, que tout s'accélère partout. Pourquoi vouloir aller en Arctique et en Antarctique ? Pour montrer la fonte massive et spectaculaire des glaciers. Les pôles sont le thermomètre du climat, si les pôles vont mal tout ira mal. J'ose dire même qu'un jour ils seront le seul refuge restant pour les humains. Certaines grandes fortunes, chefs d'états et industriels l'ont compris depuis bien longtemps.
Ce n'est pas pour rien si nombre d'explorateurs ont été sponsorisé par des spécialistes en énergies fossiles par le passé.
Je vois l'urgence à chacun de mes voyages. L'une de mes craintes est le combat de l'eau qui a lieu un peu partout : au Népal, sur le Baikal, en Chine, en Inde, en Afrique, etc.
L’eau se situe aujourd’hui à la convergence d’enjeux économiques, sociaux, territoriaux et environnementaux qui sont indissociables. A l’échelle mondiale, la pénurie et la dégradation de la qualité de l’eau affectent plus de deux milliards d’êtres humains et provoquent plus de 30 000 morts chaque jour.
Difficile de parler d'eau sans parler de plastique, son contenant principal au niveau mondial. J'en ai vu beaucoup trop sur la route de Paris à Dakar, partout en Espagne, au Maroc, dans le Sahara, en Mauritanie, au Sénégal. Pareil au Népal, et plus généralement en Asie. En Tanzanie, même problème malgré l'interdiction des sacs plastiques sur le territoire comme dans nombre de pays africains. La portabilité serait le principal avantage du plastique.
Pour rappel, plus de 80% des eaux usées dans le monde ne sont ni collectées ni traitées.
Les problèmes géopolitiques posés par cette ressource vitale ne font que commencer selon moi.. En Tanzanie, les Massaï m'en ont même parlé, ils seront bientôt taxés sur l'eau de la rivière qu'ils utilisent depuis la nuit des temps. La terre, l'eau..
7. EM : Un dernier mot ?
Oh, et bien j'ai déjà trop parlé comme d'habitude. Merci pour cette interview, merci à tous ceux qui lisent ces interviews, je terminerai avec les mêmes mots que j'ai écrit pour remercier mes communautés.
Merci à tous d'être là pour soutenir des gens comme moi. Vous êtes sans aucun doute l'une de mes plus grandes sources d'inspiration et de motivation. La transmission d'émotions et l'inspiration d'autrui est ce qui guide ma vie aujourd'hui. Je m'aventure pour moi, pour découvrir ce Monde, le faire découvrir, me découvrir moi même, en transmettre quelques fragments à vous tous.
La vie est faite de haut et de bas, de bas et de haut et cette année a été faites de nombreux UP et quelques DOWN pour nous tous.
J'aurai dû fêter Noël et le nouvel an sur mon vélo en Antarctique cette année et je suis là. L'adaptation et l'acceptation sont des valeurs fortes dans n'importe quelle aventure.
Merci de votre soutien à tous, on est ensemble, la vie est une chance les amis.
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Soyez libre, vivez fort et heureux !
Stéven
Toutes les aventures de Stéven Le Hyaric sur son site internet Stéven LE HYARIC ICI
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à « 666 Project » dans le détail ICI
EndorphinMag.fr te remercie et suivra tes prochaines aventures avec attention, passion et envie.
- KILI BIKE PROJECT DONE !
Le Kilimandjaro ou Kilimanjaro est une montagne située dans le Nord-Est de la Tanzanie et composée de trois volcans : le Shira à l'ouest, culminant à 3 962 mètres d'altitude, le Mawenzi à l'est, s'élevant à 5 149 mètres d'altitude, et le Kibo, le plus récent géologiquement, situé entre les deux autres et dont le pic Uhuru à 5 891,8 mètres d'altitude constitue le point culminant de l'Afrique. Le défi de ce Projet Kili consistait à faire le meilleur temps jamais réalisé entre la Kilema Gate et le pic Uhuru à 5 891,8 mètres d'altitude en une seule fois (one shot). Donc du pied du Kilimanjaro à son point le plus haut. Défi réalisé à vélo pour ma part et à pied pour @PerrineFage (sans vélo), en mode trail running donc. Un défi aussi dur car la première partie est presque tout le temps "courue" donc le cœur reste haut du pied de l'ascension à son sommet. Cette porte Kilema a la particularité d'être accessible en vélo, moto et 4 x 4 sur une bonne partie du début de parcours. Au total, environ 33km et 4000m de D+ séparent le départ de l'arrivée dont 2000m D+ sur ces seuls premiers 15km, c’est un parcours plutôt roulant (disons plutôt "roulable") dans sa première partie jusqu'au camp 1 : Horombo à 3800m. Il n’y a pas de difficultés techniques, mais le challenge est d'aller sur le vélo le plus haut possible (et accessoirement le plus vite possible) en tenant compte de l'altitude, des changements de climats, de terrains et de températures, la montagne quoi. Récit complet à lire sur sa page Facebook.
Credit photo : Stéven et Perrine
Endorphinmag Janvier 2021
Beatrice Glinche