À l’heure d’ébaucher votre planning d’ultras et de trails pour 2017, gardez une place spéciale pour le Grand Raid 6666 les 3 et 4 juin 2017: il vous emmènera au cœur du massif du Caroux, dont vous n’oublierez jamais les cailloux !
• Grand Raid 6666 : 118 km 6900 m D+ 5 points ITRA
• Saute Mouflons : 50 km 2950 m D+ 3 points ITRA
Nouveau • Trail de la factrice : 27 km 1050 m D+
• Roquebrune : 11,5 550 m D+
« Ce n’est pas un véritable sentier tracé » - Antoine Guillon Vous ne savez pas à quoi ressemble le Haut-Languedoc ? Si Caroux et cailloux riment aussi sur le terrain ? Avec ces trois questions posées à Antoine Guillon, organisateur de l'épreuve, vous devriez y voir un peu plus clair.
Quel est ton passage préféré sur le parcours du Grand Raid 6666 ?
J’ai un coup de cœur pour l’enchaînement qui comprend la descente de l’Esquino d’Aze avec la petite remontée assez sévère mais brève des 1000 marches de Caylus, puis la descente sur la cascade d’Albine, et derrière le col de Bartouyre. Cette succession de montées et descentes est redoutable, mais c’est tellement beau… Sur cette portion, c’est l’évasion : le coureur est tout seul pendant longtemps, il y a en plein la notion d’autonomie dans un milieu sauvage. Le coureur est plongé dans un univers où il va vraiment profiter.
Vois-tu un lieu unique sur le tracé qu’on ne retrouve pas ailleurs ?
La descente de l’Esquino : on est directement sur la roche mère pendant plusieurs centaines de mètres négatifs. Même à La Réunion on est sur du sentier… Il y a bien les cairns pour indiquer la direction, mais sans ça on est sur de la roche, ce n’est pas un véritable sentier tracé.
Si tu devais prendre le départ du Grand Raid 6666, quel passage redouterais-tu le plus ?
Toujours cet enchaînement : je sais par expérience que quand on a fini cette descente, sur la remontée derrière on a les jambes lourdes. C’est curieux, il faut un temps d’adaptation, un moment difficile à passer. Mais je me méfierais aussi de la montée après Andabre : c’est la montée chronométrée (666 m D+) et elle n’a rien de facile. Elle est raide, il faut mettre les mains, on est sur du rocher par endroits, il y a beaucoup de genêts, des marches naturelles…. En plus on n’en voit pas le bout : ça forme des dômes, c’est trompeur. On croit être arrivé et hop, il y a encore une bosse après. Et enfin, beaucoup y passent avec le soleil, et ça chauffe fort. C’est un moment stratégique : on est déjà bien avancé, mais encore loin de l’arrivée, et elle est située juste avant l’enchaînement difficile. Physiquement et mentalement, elle est vraiment difficile.
La cascade de l'Albine
Bain de jouvence aux 2/3 du parcours Située au cœur de « l’enchaînement de la mort » (celui décrit par Antoine précédemment), la cascade de l’Albine est un véritable havre de paix, un port auquel chaque trailer peut s’amarrer quelques instants pour se reposer de l’effort déjà consenti. La cascade, sans doute l’une des plus belles des environs, chute de 80 mètres dans un bassin naturel qui lui-même se déverse dans un autre bassin que vous traverserez. Selon l’heure de la journée, et surtout le niveau d’ensoleillement, vous n’hésiterez pas à vous rafraîchir et à papoter avec les bénévoles présents sur place et chargés de sécuriser votre passage. Une glissade est vite arrivée : ce serait bête de finir entièrement à l’eau… Quoique, certaines années, on aurait aperçu des participants prendre un bain revigorant dans les vasques. À vous de voir !
« Un vrai parcours de fou » - Guilhen Dubourdieu
Guilhen Dubourdieu est un gros dévoreur de kilomètres, mais plutôt sur route ; ses incursions sur les sentiers sont rares, mais en 2010, il n’a pas pu résister à la 6666 : « Je suis originaire du coin mais je ne connaissais pas Vailhan, le fief d’Antoine Guillon, et assez peu aussi la partie autour de Faugères. Je suis plus familier de la partie finale du parcours (Roquebrun, le Caroux). » Venir disputer cette épreuve, pour lui expatrié en région lyonnaise, c’était donc un moyen de raviver les souvenirs : « Moi qui n’étais pas sportif depuis des années, c’était une façon de me réapproprier une partie de mon chez-moi, de rattraper un peu de temps perdu et de prouver à quelques fantômes que j’étais capable de faire quelque chose comme ça. »
Six ans après, qu’est-ce qui lui reste en mémoire ? « Les frissons bien réels avant le départ, le décompte des minutes où je regardais cette garrigue si familière et si étrangère à la fois, le départ dans la nuit à 21 h (départ à 6 h désormais, Ndlr), le halo de la frontale sur les bouquets de garrigue et les schistes… Il s’agissait de mon premier trail de plus de 100 km. »
Et comme toute première expérience en trail sur longue distance, les surprises sont légion, et l’expérience engrangée incomparable : « J’ai passé un cap avec cette course : celui d’avoir envie de renoncer avant de serrer les dents et de repartir et de retrouver de la force. Depuis je sais que les coups de bambou physiques et mentaux sont inévitables mais qu’on retrouve toujours un supplément d’âme et de fraîcheur physique en ayant le bon état d’esprit. L’anticipation aussi : toujours remplir sa réserve d’eau quand on le peut, car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer… Je me suis retrouvé à sec au plus chaud moment de la journée et heureusement j’ai pu boire dans une fontaine naturelle entre les rochers. Depuis je vérifie toujours ma poche à eau même quand elle me semble pleine, car avec la fatigue, parfois, on a des surprises. Je me suis également paumé en loupant un embranchement et depuis je suis très attentif à cela car j’ai dû faire 5 bornes supplémentaires à un moment où je n’étais pas frais… »
À chaque ultra ses particularités ; et si Caroux rime avec cailloux, Guilhen n’est pas d’accord pour réduire la 6666 à cette simple juxtaposition : « Non, le Haut-Languedoc ce n’est pas juste la garrigue et des cailloux, c’est d’une diversité incroyable. » En quoi le parcours est-il surprenant ? « La succession de montées et de descentes avec les changements de panoramas incessants, La Coquillade, la richesse insoupçonnée du parcours… Quant au Caroux, je connaissais déjà ce massif que par chez nous on appelle ‘la femme couchée’ mais c’est un piège, un véritable piège pour calmer les ardeurs des mollets les plus aguerris. »
Depuis, Guilhen a couru des tas d’autres ultras, sur à peu près tous les formats existants. Mais quand on l’interroge sur celle-ci en particulier, des souvenirs remontent : « Le passage sur le plateau du Caroux après l’interminable série de montées, et cette vue sur la mer au fond, tempête de ciel bleu sur tout le Languedoc, les arbousiers, ma campagne vue avec les yeux du néo-sportif que je devenais ce jour-là, c’était quelque chose. Les monotraces à la frontale, avec les schistes et la poussière, le bruit des animaux sauvages qu’on entend tout près… Et le sentier dans les gorges du Caroux, des pierres et des pierres, un vrai parcours de fou. »