Snow Bike Festival 2018
Course unique en son genre dans le circuit international, le Snow Bike Festival a attiré mon attention par l'originalité de sa formule et de son site.
Une compétition particulière puisqu'elle se court sur neige, autorisant les VTT classiques et les fat bikes. Une large population de sportifs s'alignent sur cet évènement, allant du champion du monde XC et un gros contingent de coureurs internationaux, jusqu'au randonneur. Une course qui rassemble 18 nationalités, avec des délégations de coureurs Sud Africains et Namibiens par exemple. En effet, cette course est labellisée dans le circuit UCI, permettant aux compétiteurs UCI (à partir d'une licence FFC 3ème catégorie), de marquer des points au classement international.
Les départs des spéciales s'effectuent toutes catégories confondues, seul le prologue distingue les amateurs des « UCI ».
La compétition se joue sur le village de Gstaad, station huppée en Suisse Alémanique. Le prix des hôtels étant inabordable pour le commun des vététistes, il y a tout de même moyen de se loger pour quelques nuits au moyen de gîtes ou chambres RBNB. Nous avons croisé des jeunes élites français se logeant pour 25 euros la nuit à proximité de Gstaad et nous même, avions trouvé pour une somme de 50 euros la nuit dans un gîte très cossu à la ferme à 7 km du site de départ , comprenant un petit déjeuner copieux. Il faut donc relativiser sur le prix de la nuit à Gstaad et ne pas se laisser effrayer par la réputation de la station.
Le prix de l'inscription peut sans doute un peu calmer les ardeurs, même si il s'agit d'une compétition de 4 jours, la note est un peu salée à la vue des prestations. Le prix comprend les courses, un sachet d'accueil avec quelques souvenirs, une plaque vélo personnalisée, les repas d'après-course et le souper. Il manque tout de même quelques aménagements qui seraient appréciables au vu du prix d'inscription, comme la possibilité de prendre une douche, un dessert et café au repas de midi, ou encore et surtout, une boisson chaude à l'arrivée par exemple. Donc, sentiment mitigé sur ce point.
La course se présente donc sur 4 jours, soit une journée dédiée au prologue, et trois journées de courses sur une distance chaque fois d'une trentaine de kilomètres. J'avoue ne pas bien avoir saisi l'intérêt du prologue puisqu'il n'y a pas, le second jour, de départ selon le classement, ni de grille spécifique. Quitte à faire le déplacement pour les « lointains », autant partir en montagne pour une belle virée...
Cette année, la météo a pénalisée les élites, partis plus tard sur le prologue, sur un tracé défoncé où il était impossible de pédaler sur le vélo et où ils ont beaucoup couru sur le circuit de 8 km.
Enregistré en tant qu'amateur, et courant avec de bien meilleures conditions sur un fat bike, j'ai mis 10 minutes de moins que Christophe Sauser, médaillé de bronze aux JO VTT et vainqueur de 10 coupes du monde, c'est vous dire comment le circuit s'est dégradé en quelques heures !!
C'est donc une autre originalité de la course, le fait qu'il soit possible de courir avec un VTT ou un fat bike. Choix parfois difficile, surtout si on a les 2 vélos et que les conditions météo, comme nous avons eu sur ce séjour, sont très hasardeuses.
A ce titre, peut être serait il intéressant d'intervertir et alterner les circuits en permettant aux fat bikes, dans un esprit moins compétitif, de rouler en pur plaisir, sans avoir à subir les pistes préalablement préparées puis défoncées par la horde de coureurs UCI, qui en tête de peloton ne facilite pas le passage des amateurs. Alors qu'une alternative avec uniquement des fat bikes permettraient de ne pratiquement pas abimer les traces et les pistes pourraient être empruntés le lendemain, par les purs compétiteurs.
En effet, le temps a changé beaucoup de paramètres et a joué de mauvais tours à l'organisation qui a dû s'adapter. La pluie a fortement détérioré le manteau neigeux sur la course du deuxième jour. Les parties roulées inférieures à 1200 m étaient très compliquées et ont demandé encore aux coureurs de faire jouer les jambes mais en course à pied, à côté des vélos. Même en fat bike, piloter était devenu impossible dans la « soupe » de la vallée. En grimpant en altitude, la pluie devenant neige, nous avons pu goûter, dès la seconde étape aux joies de rouler dans la neige jusqu'à un point haut à 1700 m, roulant sur de belles pistes, croisant de magnifiques paysages immaculés. La descente, au début superbe, c'est un peu compliquée en se dégradant vers le bas de la station, pour devenir très compliquée pour des VTT classiques.
Après la pluie, ce n'est pas le soleil qui fut son apparition mais une belle tempête de neige et des températures négatives, telles que nous nous sommes demandés si nous pourrions rejoindre le départ du samedi. En anticipant un peu le matin, après avoir déneigé la voiture et descendu prudemment vers le lieu de départ, nous avons pu participer à la plus belle spéciale du séjour, spéciale intégrale dans la neige, avec de superbes paysages. De beaux segments dans les forêts de sapins chargés par la neige, un magnifique cirque de fond de vallée, à 14400 m au sud de Gtaadt près du lac de Lauenensee, de beaux couloirs de neige, des descentes techniques verglacées, et même quelques monotraces.
La fête fut de courte durée car dès le samedi soir, le redoux et la pluie mettront à nouveau l'organisation dans l'embarras et la dernière spéciale sera amputée de moitié pour se transformer en une course sur route avec quelques passages en tout terrain sur une neige impraticable. Nous fûmes bien triste de ne pas pouvoir regoûter aux joies de la veille, au plaisir de rouler dans de si beaux paysages, être ce petit point de couleur qui passe dans cette immensité blanche. C'est donc tête dans le guidon et haut dans les « puls » que nous effectuons cette dernière spéciale.
Nous apprécierons les repas du soir, moments privilégiés pour faire des connaissances, sous chapiteau chauffé, dans une ambiance sympathique, avec de grandes tables posées sur un tapis de copeaux de bois. Les speakers s'expriment en anglais et en allemand pour annoncer les classements et remises de prix des différentes catégories puis faire le briefing de la spéciale du lendemain.
L'ambiance reste très décontractée, l'équipe organisatrice est très disponible et certains d'entre eux, francophones, nous a bien aidé à dénouer certains points de détail. Le séjour a été apprécié par l'ensemble des concurrents, bien conscient que l'équipe organisatrice a fait de son mieux malgré les aléas météorologiques. Il ne s'agit pas d'une course de fat bikes, mais bien d'une course sur neige et sur un parcours unique, les portions sont à tour de rôle, avantageuse ou pas pour chaque type de vélo. On notera tout de même que la quasi-totalité des compétiteurs, venus pour en découdre, roulaient avec des VTT « classiques » et qu'ils ont bien évidemment, réalisés les meilleurs chronos, même si le français Alexis Paris (Focus MTB Racing Team) gagne la seconde manche en choisissant de rouler en fat bike et passera sur le fat aux endroits stratégiques, là où les vététistes poseront pied. En tant qu'amateur, si vous avez le choix sur la largeur des pneus comme les compétiteurs, vous pourrez rouler avec des pneus à clous (interdit pour les UCI), option très rassurante sur certains passages.
Le fait que cette course ne soit pas uniquement une course de fat bike, l'équipement se rapproche de la pratique et vous devrez vous équiper chaudement, surtout pour protéger vos mains et vos pieds. Les courtes distances n'imposent pas de se charger en matériel mais il est bon et raisonnable de prévoir une première couche et un gore-tex léger pour se changer en cas d'arrêt (blessure, casse mécanique...), une cagoule en cas d'aggravation des conditions, et pourquoi pas quelques chaufferettes de secours et un masque de ski.
A l'occasion du prochain reportage fat bike sur un séjour canadien et la Traversée du lac St Jean, nous détaillerons tout cela.
Ce Snow Bike Festival est une course atypique, permettant de découvrir ce petit coin de Suisse au milieu d'une saison qui lui va à ravir. Une belle virée à faire entre copains, pour se tirer la bourre sur un terrain inhabituel, c'est toujours une belle expérience ! Nous avons pu apprécier la bonne organisation, l'accueil, les paysages et le bon esprit de cette compétition unique. Pour les curieux, les amateurs de courses originales, ce Snow Bike Festival est une belle organisation à cocher sur son calendrier. Nous ne désespérons pas avoir la chance d'y retourner et d'en profiter encore plus avec de belles conditions
Endorphinmag
Patrick Lamarre, Février 2018.