French Divide 2020
Voilà 10 jours que je suis rentré de Mendionde, en pays Basque, ligne d'arrivée de la French Divide. Depuis, je ne roule pas. Je tente de récupérer au mieux avant la Gravel Tro Breizh. Mon esprit est troublé, j'ai vraiment envie de rouler à nouveau, mais mon corps est encore fatigué et mon cerveau lutte pour me forcer au repos, pour essayer d'être raisonnable, de ne pas basculer dans la bigorexie attitude. Mes nuits sont courtes mais se rallongent. Le sommeil troublé, connu pour être un symptôme du surentraînement, synonyme de fatigue profonde, se dissipe pour des nuits plus continues. Si le corps d'un Divider est meurtri, son esprit reste longtemps accroché à cette traversée, à cette épreuve, et il faut faire encore des efforts pour se concentrer à la reprise du travail sur la période immédiate post French Divide.
Les débuts, dont la mise en place, est compliquée par un contrôleur sncf trop zélé et vivant sans doute une bien triste vie pour être aussi martial (en restant poli), qui me fera éjecter du train car la housse de mon vélo ne lui convenait pas. Resté seul sur le quai, je vois une image attisant encore ma colère et mon dégoût, d'une paire de Dividers venant de prendre le TGV à Lyon, avec 2 vélos sans housse, empiétant sur le corridor de passage, mais qui sont tombés sur un contrôleur compréhensif.
C'est 4 heures plus tard, avec une nouvelle housse que j'embarquerai dans un TGV à destination de Lille. L'épisode sncf se rejouera entre Lille et Dunkerque, mais un autre cycliste en fera les frais, se faisant refuser l'accès au train sur un TERGV. Des séquences que l'on n'aimerait plus voir en 2020 mais tristement encore présentes dans un pays qui se dit moderne mais avec des institutions dépassées et sclérosées qui font tâche dans le paysage du transport public et la soi-disant transition écologique.
Je me présente donc déjà fatigué et encore énervé à l'enregistrement de la French Divide où je revoie avec grand plaisir quelques amis et têtes connues comme certains raiders bien connus sur le circuit comme Aurélie Darmaillacq ou Jérôme Mesplède. Quant à Christophe Brochot, avec qui j'ai couru mon premier raid international sur l'Adrénaline Rush en Irlande, après m'avoir accompagné sur quelques kilomètres en 2019, il a craqué et s'est jeté dans l'aventure cette année. Le repas du soir sera encore l'occasion de raconter ma mésaventure avec le dinosaure sncf et cette fois-ci, d'en rire en bonne compagnie autour d'une bière et de plats cuisinés au Maroilles.
Après une courte nuit, nous voilà sur la plage de Bray-Dune, avec mon gros vélo et un genou qui couine, engendrant déjà quelques inquiétudes. Les départs sont échelonnés toutes les minutes, le mass start ne pouvant pas se jouer pour cause de COVID. Je m'en accoutumerai bien, cela me permettra de rouler à mon rythme avec le « camion », sans essayer de m'accrocher au peloton, qui part toujours trop vite sur ce type d'épreuve.
Nous rejoignons Dunkerque puis la rase campagne, au profil plutôt plane, d'où émergent parfois, tels des inselbergs, de bonnes bosses. La chaleur est accablante et c'est chaque fois avec impatience que nous attendons le prochain bois, la prochaine forêt ou le prochain cimetière pour un peu d'ombre ou un providentiel point d'eau. Les villages croisés sont déserts, les habitants cloitrés, attendant que canicule passe, ou des heures plus tardives, quand les rayons inclinés seront moins brûlants. Sur le vélo, pas le choix, il faut gérer et avancer, avaler les kilomètres, digérer les celsius.
La première partie du parcours diffère de l'an dernier, les incursions en Belgique sont plus rares, moins profondes. Nous goûterons tout de même à la douceur des forêts des Ardennes, aux effluves boisées, permettant un peu d'échapper à la pénible canicule. Avec le fat bike, je vais tacher de couvrir environ 300 km, un peu plus que l'année passée, pour engranger un peu de crédit kilométrique en vue des étapes plus difficiles. Je réussirai à m'y tenir, mais les efforts pour emmener le « camion » sont un peu plus conséquents. J'arriverai donc au CP 1 à Charleville Mézières avec de l'avance sur l'ouverture du CP. No stress, je fais un bon repas au restaurant, à l'ombre sur la terrasse, et je repars avant l'ouverture du CP. La douleur au genou semble se faire oublier, le moral est bon, tout va pour le mieux.
La canicule sera présente jusqu'à la Champagne et ses reliefs en montagnes russes, avec des pentes parfois rudes, sous un soleil de plomb (jusqu'à 47°C, 35° à l'ombre). Dans l'après midi, accablé par la chaleur, je tente de faire une petite sieste réparatrice à l'ombre. Mais sans air, même sous la canopée, dégoulinant de sueur même immobile, dormir est impossible et je me résigne à repartir, rouler et pousser dans les bosses. Comme beaucoup de concurrents, s'alimenter devient difficile. Nous avons beau boire énormément, les difficultés à saliver, déglutir ou avaler de la nourriture nous handicapent. J'ai pris des compléments en sels minéraux en pharmacie à ajouter dans les gourdes, pour parfaire l'hydratation et je protège ma nuque avec un couvre-nuque fixé sur le casque. La crème solaire permet aussi de se protéger et les stops dans les cimetières, permettent de remettre de l'eau dans les bidons qui restera fraîche au moins 10 minutes et de s'asperger pour mouiller tête et vêtements. Ces précautions qui ralentissent le rythme de progression, assurent au moins la survie de notre spot sur la page de suivi LIVE de la course. Vingt participants devront abandonner sur les 3 premiers jours. Le terme de « forçat » se prêtait assez bien à ce début d'aventure car aucun cycliste sensé ne serait sorti rouler par pareilles températures.
Enfin un orage se dessine à la tombée de la nuit, mais les éclairs d'été ne déclenchent pas la pluie. L'orage restant menaçant, je préfère faire un stop à Chablis. Je choisis le luxe d'une chambre d'hôtel, histoire de dormir 5 bonnes heures confortablement, au sec, car une forte pluie est annoncée. Sans compter la douche réparatrice, qui fait du bien au corps et au moral. Je ne le sait pas encore, mais la prochaine sera prise 6 jours plus tard à Bruniquel, dans la vallée de l'Aveyron, chez Pechtregon Cycles, qui réserve un accueil très sympathique aux dividers.
Départ à 5 heures du mat' de Chablis. J'ai profité de cette bonne nuit douillette pour recharger électronique et bionique. Je file vers le Morvan, beau massif forestier, exigeant, parfois technique, mais qui permettra de rouler souvent à l'ombre, et même de se tremper dans ses nombreux lacs sauvages. Mais les journées promettent de gros cumuls de dénivelés et l'approche du CP 2 à Carré-les-Tombes fait du bien au moral. J'aurai la compagnie de Jean-Jacques, « quinqua » également, ultra trailer et futur ultra cycliste, qui fera un bout de chemin avec moi depuis le CP 2 jusqu'aux abords d'Autun. Nous partagerons sentiers, discussions sur le vélo, sur la longue distance, anecdotes sur nos expériences et une nuit à la belle étoile. Jean-Jacques pourra ainsi profiter de la trace et se faire une petite idée, sur ce beau terrain de jeu qu'est le Morvan, de l'exigence et de la beauté de cette épreuve.
Arrêt collation à Autun avant d'attaquer un secteur avec de beaux reliefs. Cet arrêt repas, le deuxième en 2 heures car un petit déjeuner pris 2 heures plus tôt avait déjà un peu rechargé les batteries, me fait le plus grand bien. Je me surprends à gravir des pentes que mes yeux, aux pieds de ces dernières, suggéraient à mon cerveau de les monter à pied, mais les jambes, qui n'en font qu'à leur tête, restent ancrées sur les pédales et appuient fort, grimpent et franchissent. Un vrai renouveau, j'avais vraiment l'impression de me traîner dans cette traversée du Morvan, où j'ai connu un petit coup de mou. Là, avec mon gros vélo, j'ai l'impression de rouler à allure XC Marathon et je suis grisé par les haies qui défilent sur les rives de mon champ visuel, aux bords des chemins. Mais l'euphorie de durera pas. Sur une piste rapide en légère descente, mon pneu avant se dégonfle en une poignée de secondes et je prends une douche de latex. Le trou est énorme, une entaille d'un centimètre où je peux passer le doigt. Je tente une mèche de gros diamètre mais celle-ci ne reste pas en place tellement le trou est gros. Je décide de mettre une chambre à air et je démonte le pneu. Malheureusement, la valve de la CAA ne ressort pas, pas assez longue. Aaargh !! Quel débutant !! Grrr ! Je n'ai pas testé les chambres sur mes nouvelles roues ENVE, reçues une semaine avant le départ. Je n'ai pas de prolongateurs de valves, donc je remonte le pneu, je remets 60 cl de latex, je place à la main, 2 grosses mèches dans la fente, je gonfle, le pneu prend, claque, le latex donne un coup de main aux mèches pour étancher le pneu, j'ajuste la pression, ça tient... oui, super, je repars ! La réparation sur le Schwalbe Jumbo Jim tiendra jusqu'à l'arrivée, et je n'aurai qu'une seule crevaison sur les 13 jours. Un seule mais qui a failli me coûter cher, heureusement, la qualité des pneus Schwalbe me permettra de les replacer et les « reclaquer » facilement.
Je poursuis ma route vers un secteur plus tranquille, avec un peu de répit en matière de dénivelé, approchant Moulins, avant le Massif Central. Peu avant Moulins, je m'arrête à une cabane de chasse pour m'abriter sous le petit préau. L'orage menace, il pleuvra pendant la nuit. Je viens de traverser une vallée morne, où l'ambiance de nuit est particulière. Le fond de vallée abrite des ruines, la végétation, dans le faisceau de la lampe, ressemble à un mélange de jungle et de mangrove et les nombreux bruits furtifs n'invitent pas à s'arrêter (lol).
Le Massif Central est en vue. Au début de la nuit, sur les premiers reliefs, une superbe vue s'offre à moi où je découvre au loin, Clermont-Ferrand illuminé et , à l'ouest, le Puy de Dôme. Au petit matin, j'attaque le gros programme avec l'ascension vers le lac de Servières, puis jouxter le Puy de l'Ouire (1505 m) et contourner au pied de la barre rocheuse la Banne d'Ordanche (1513 m) avant de dévaler vers La Bourboule. J'aurais la surprise et la chance d'être accompagné par Thierry, un ami Facebook dont nous avons des amis communs dans le monde du raid aventure (Arverne), qui viendra m'accompagner jusqu'à la Bourboule.
Mais La Bourboule, étape psychologique, où l'arrêt café est apprécié, reste difficile à atteindre et surtout à laisser derrière soi, car la remontée et la poursuite vers le sud est difficile sous la chaleur. Le Cantal puis la Corrèze, sont traversés en majorité par des pistes et petites routes, avec des plongées dans les vallées qu'il faut remonter, péniblement. Les routes se faufilant dans les forêts semblent interminables, tant le fatbike est pataud et « colle » sur ces revêtements de bitume graton.
J'ai hâte de rejoindre franchir la Dordogne et rejoindre le Lot, synonyme de beaux chemins, de technicité et de Sud (lol). La Dordogne se traverse à trois reprises avant d'atteindre Carrennac, frontière du Lot, que j'atteindrai à la nuit, mais je décide de poursuivre et poser le duvet seulement une fois sur le plateau, le Causse de Gramat, dans le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy.
Que de bonheur ensuite de rouler sur ces superbes monotraces, ces paysages lithiques, serpenter dans le maillage de murets de pierres sèches, de pistes colorées et secouantes qui mèneront à Rocamadour au petit matin. Rocamadour s'éveille, calme, sa cité s'étirant face au vide, baignée des premiers rayons de soleil se faufilant, perçant les cumulus, naissant des brumes matinales.
Un petit stop café avec Sven, rider allemand que je vois régulièrement. Il arrive toujours aux épiceries après moi et repart avant moi, cela depuis 3 ou 4 jours, puis nous nous retrouvons sur la trace.
Prudence de mise pour la descente de Rocamadour. Avec le fatbike, je la trouve plus aisée à négocier qu'elle ne le fut avec le monster gravel l'an dernier.
Les Causses et le « kiff » à rouler se poursuivent et je vise Labastide-Murat où je sais que je vais pouvoir m'approvisionner. En chemin, je suis rejoins par Loïc, parti le dimanche, qui roule à vive allure puis Karim, qui nous rejoindra un peu plus tard. Nous nous retrouverons à la terrasse d'un café à Labastide Murat. A signaler le patron très peu commercial et désagréable, refusant que l'on se branche sur une prise de courant, ou encore pour certains, de remplir les gourdes alors que la chaleur est harassante. Nous décommandons donc nos boissons, pas question de faire travailler ce triste ronchon, qui a sans doute un lien de parenté avec le contrôleur sncf croisé quelques jours plus tôt (lol). Remplissage et branchements seront effectués à l'Office du Tourisme, connaissant et regrettant la mentalité du triste sire, et qui nous accueillera chaleureusement.
La suite, ce sont encore de beaux sentiers, des « tunnels » de buis, des montées et descentes techniques, jusqu'à la Vallée de l'Aveyron. Je stopperai à Caylus, où je rejoins Sven, qui trouve un abris sous des tentes de banquet. Difficile ascension au matin, ma tendinite au tendon d'Achille, qui me fait souffrir depuis 3 jours, a du mal à se faire discrète. La descente dans la vallée étroite, très empierré, peuplée de buis, me fera oublier un temps la douleur à l'approche de St Antonin Noble Val. Je dois tenir bon, j'approche le CP3.
Les beaux villages s'enchaînent, et j'arrive à Bruniquel, peu avant Puycelsi (CP3). Je sais que la montée après Bruniquel est assez pénible, se faisant en grande partie à la poussette et qu'il faut être frais avant la descente, nécessitant un peu de maîtrise. Je passe alors devant un petit panneau indiquant la bienvenue aux riders de la FD. Je passe la tête au-dessus du portillon, je fais signe et je suis accueilli par les artisans de Pechtregon Cycles. Génial, super accueil, ils m'offrent un café et un petit fondant au chocolat. Curieux, je jette un oeil à l'atelier des cadreurs, prends quelques photos et je savoure le café en leur compagnie. Le top, c'est que j'ai pu prendre une douche, sur une palette, avec une douche d'extérieur, dans un angle de mur, à l'arrière de la maison. Quel bonheur ! Je n'avais pas pris de douche depuis Chablis !!! C'est là que je m'aperçois qu'au final, je n'avais pas tant bronzé des jambes, découvrant ma peau à peine halée par le soleil, tant la poussière et la crasse avait fait écran (lol).
Propre mais toujours odorant car j'ai renfilé mes fringues de baroud, je rejoins alors gaiement Puycelsi où j'ai eu la chance d'être chaleureusement applaudi par la quarantaine de personnes présentes sur la terrasse du restaurant du Roc Café. Belle émotion suivie d'un bon plat de pâtes au foie gras, après avoir dégusté une bière locale pour enlever la poussière du gosier.
Départ pour la suite, plutôt paisible, avec un secteur sans dénivelé important, puis la grande forêt de Bouconne qui débouchera sur le Gers. Jean-Yves, fondateur d'OMG (Orignal Montpellier Gravel) me fera la surprise de m'attendre aux abords du Canal du Midi et m'accompagnera jusqu'au Gers, où nous ferons une halte dodo à L'Isle Jourdain dans un hôtel très sympathique qui portait un nom de circonstance « L'Echappée Belle ».
Au petit matin, je vois débouler Loïc et Karim, que je ne peux pas suivre bien longtemps. Nous retrouverons plus loin le malheureux Thomas qui vient de casser sa roue libre. Dépité, nous lui remontons le moral et lui donnons des suggestions de secours. Nous apprendrons plus tard qu'il s'est rendu en taxi à la ville la plus proche, pour acheter une roue et reprendre la trace là où il s'était arrêté. Une bonne demi-journée de « cramée » mais l'essentiel est sauf, il pourra rallier l'arrivée dans les délais.
La traversée du Gers se passe un peu mieux que l'année dernière. Les chemins de Compostelle, très secs, sont à peine plus roulant, l'herbe bouffant toujours autant d'énergie mais le sol très sec restituait quelques watts et n'absorbait pas tout. La canicule est revenue, et atteindre Marciac en milieu d'après-midi fut difficile. Cela nous vaudra, puisque je rejoins le duo Loïc et Karim, une pause d'au moins 2 heures en terrasse, sous les arcades du village, à siroter boissons fraîches et avaler des boules de sorbets pour refroidir les machines. J'apprécierai aussi plusieurs cyclistes, venus me voir sur le bord du chemin, venu voir le « fat » qui faisait la FD ou encore ce local venu m'accompagner avec son VAE pour quelques kilomètres, comme il l'avait fait avec d'autres dividers, dont Sofiane Sehili.
Peu après Marciac, les 3 monts forestiers, que j'avais trouvé interminables l'an dernier. Deux seront traversés en soirée puis de nuit, avant de rejoindre les deux comparses pour une halte à la belle étoile, au pied d'une chapelle, sur la motte Castrale, surplombant Vic-en-Bigorre. Le 3ème mont sera traversé au petit matin et peu avant la plaine qui mène à Lourdes, nous auront la chance de trouver une boulangerie ouverte dès le premier village.
La trace vers Lourdes est rapide, ainsi que la traversée de la ville, déserte cette année, tout comme le GR78, entre le Gave de Pau et la forêt de Lourdes. Cette année, il est propre, non « miné », ne servant pas toilettes aux milliers de pèlerins en caravane... j'arrive à trouver des points positifs au COVID (lol).
Il faut rouler, sans cesse, rester vigilant, la fatigue est bien là, mais l'approche du Pays Basque se fait sentir. Le moral est bon, je sens que je vais le réussir ce défi de boucler la French Divide en fat bike. Je profite à fond, j'essaie d'oublier que je suis rincé, que chaque ascension devient de plus en plus dure, je me résigne à marcher parfois. Mes souvenirs se mélangent, je reconnais quelques portions de route, chemins ou sentiers, mais je ne les attendais pas dans le bon ordre. Je suis encore surpris par quelques ascensions oubliées qui me font très mal aux pattes. J'avalerai 175 km en 12 heures, avec seulement 2000 m de D+, ça sent la fin. Une halte pour dormir sera faite à Larribar-Sorhapuru, un village au fort accent basque. J'avais envie de continuer mais je tombe une fois de plus sur le sympathique duo et je casse la croûte avec eux, avant de m'endormir sous un arbre, paisiblement, avant d'affronter le dernier tronçon de 70 km.
Un peu avant le lever du jour, je file, laissant mes comparses dans leur cocon. Je traverse le petit pont qui enjambe la Bidouze et quand tu traverses ce ruisseau, tu penses forcément à la binouse qui te sera tendue une fois la ligne d'arrivée franchie.
Une longue ascension suit pour enchaîner sur de beaux singles dans le bois d'Ostabat, puis « routelettes » et pistes me mèneront, péniblement jusqu'à Mendionde, qui me parait encore plus loin que l'an dernier. Le fat digère péniblement les petits cols sur route mais il faut être patient, tôt ou tard, je vais reconnaitre ce carrefour, puis cette méchante grimpette, puis le village de Makalaga, précédent Mendionde.
Ça y est, le village, la petite bosse, puis le virage à gauche, avec le comité d'accueil. Pas d'accolades (COVID oblige), sauf pour ma moitié, puis la bière fraîche, descendue d'un trait.
Je l'ai fait, la FD en fat !! J'en suis assez fier, d'avoir osé, tenté puis réussi. Les doutes ont fait surface sur la trace mais à force de patience, de coups de pédales, d'abnégation, j'ai pu franchir la ligne d'arrivée « à jamais le premier » (lol). Cela restera dans les annales de la FD mais surtout, un très beau souvenir de cette traversée, de cette aventure, toujours très spéciale, très marquante, rendue vraiment difficile cette année au vu des conditions météorologiques. J'espère surtout voir d'autre fatbikes tenter l'aventure.
Chaleureux remerciements à mes partenaires, qui me facilitent la vie et me permettent de rouler avec de la came de super qualité (withspirit.fr, @schwalbe tires, MediSeo, Mohawk's Cycles, Holly Fat Nutrition) ainsi qu'à Lucy Rusjan, toujours à l'écoute, pour réaliser de super bagages vélo, très légers, solides, efficaces et parfaitement étanches, ainsi qu'à SqLab pour leur confiance et la mise à disposition de matériel, dont la selle 612 que j'ai désormais adopté.
Pensées pour Francis Masse, premier « fatteux » à avoir tenté la FD en fatbike en 2018. Merci à ma femme, Nathalie, qui m'a encore donné la permission de participer à cette belle aventure :-D, à tous les amis, cyclistes et futurs dividers venus me voir nombreux sur la trace ou partager avec moi quelques kilomètres, merci à l'équipe de la French D, les bénévoles et le team média pour leur bonne humeur et aux dividers que j'ai croisé sur la trace.
A vous de jouer...
Endorphinmag
Patrick Lamarre, Octobre 2020.
photos : @LouisLAMBIN @Milo_Pix